En marge des cortèges du 1er-Mai, une centaine de personnes s’étaient rassemblées pour manifester place de la Contrescarpe, dans le 5e arrondissement de Paris. Ce rassemblement faisait suite à un appel lancé sur Facebook par un comité d’action interlycéen, relayé ensuite par le syndicat étudiant UNEF et par le parti La France insoumise (LFI).
Sur place la situation avait dégénéré, et une vidéo, largement partagée sur les réseaux sociaux, montrait un homme portant un casque tirer par le cou une jeune fille aux cheveux châtains, puis revenir s’en prendre violemment à un jeune homme, déjà à terre, entouré par des CRS.
On entend alors le jeune homme le supplier de se calmer : "Je vais vous expliquer !", lui crie-t-il. En vain. L’homme casqué, visiblement hors de lui, le traîne au sol, le saisit violemment au cou par-derrière, puis le frappe à plusieurs reprises.
Une seconde vidéo, diffusée jeudi 19 juillet sur Twitter, révèle le contrechamp des images initiales. On y voit Alexandre Benalla faire reculer une jeune manifestante jusqu’à un mur avant d’essayer de la faire tomber, puis de la contraindre à s’asseoir. Il reste ensuite quelques secondes avec elle avant de repartir en direction du premier manifestant.
Alexandre Benalla, 26 ans, que Le Monde a identifié comme étant l’auteur de ces violences, est un homme qu'Emmanuel Macron connaît bien, puisqu’il a participé, comme responsable de la sécurité, à sa campagne présidentielle. M. Benalla a par la suite été recruté à l’Élysée en tant que chargé de mission, adjoint au chef de cabinet du président, François-Xavier Lauch.
"Alexandre Benalla est très connu dans le milieu policier", a déclaré, jeudi à franceinfo, David Le Bars, secrétaire général du syndicat des commissaires de la police nationale (SCPN). Il est "régulièrement sur les dispositifs opérationnels, il pilote différentes choses, sans qu’on sache qui l’a mandaté pour ça", selon le syndicaliste, qui explique que les policiers avaient "face à eux quelqu’un qui représente, même si c’est de façon indue, une forme d’autorité qui est supérieure à la leur".
Alexandre Benalla n’était pas le seul "collaborateur" de l’Élysée à être présent lors de la manifestation du 1er-Mai. Il était ce jour-là accompagné d’une connaissance, Vincent Crase, que l’on voit également sur la vidéo. Il s’agit d’un gendarme réserviste par ailleurs employé de La République en marche. Cet officier basé dans l’Eure et reconverti dans la sécurité privée serait, selon les "MacronLeaks", l’un des prestataires du service de sécurité de la campagne présidentielle.
Bruno Roger-Petit, le porte-parole de l’Élysée, a précisé lors d’un point presse que M. Crase était "très ponctuellement mobilisé, comme d’autres réservistes, par le commandement militaire de la présidence de la République".
Le parquet de Paris a ouvert, jeudi 19 juillet, une enquête préliminaire pour "violences par personne chargée d’une mission de service public", "usurpation de fonctions" et "usurpation de signes réservés à l’autorité publique". Elle a été confiée à la brigade de répression de la délinquance contre la personne.
Gérard Collomb, ministre de l’intérieur, a annoncé dans l’après-midi avoir saisi l’inspection générale de la police nationale, afin de "déterminer dans quelles conditions" Alexandre Benalla et Vincent Crase ont pu assister aux manifestations du 1er-Mai aux côtés des forces de l’ordre.
Le ministère de l’intérieur a toutefois admis avoir été informé, en même temps que l’Élysée, de l’identification d’Alexandre Benalla sur la vidéo de la manifestation du 1er mai. Il n’avait engagé aucune démarche particulière à ce stade.
Emmanuel Macron, en déplacement en Dordogne, a refusé de répondre aux questions. Interpellé par un journaliste lui demandant si la République était "entachée" par cette affaire, il a laconiquement répondu : "Non, non, la République elle est inaltérable !".
Des élus de droite comme de gauche ont critiqué la réaction trop clémente de l’Élysée à l’égard du conseiller d’Emmanuel Macron.
Laurent Wauquiez président du parti Les Républicains a réagit sur twitter "Cette affaire Benalla marque la fin du discours d'Emmanuel Macron sur la République exemplaire. Les Français comprennent que tout n'était que communication et illusion. Derrière le décor de théâtre de la macronie, il y a de sombres coulisses.
La garde à vue d'Alexandre Benalla, notamment pour violences et usurpation de fonction, avait commencé vendredi matin. De même pour Vincent Crase, gendarme réserviste et employé de La République en marche, qui se trouvait avec lui le 1er mai, lors des violences commises sur deux manifestants identifiés par les enquêteurs.
Le domicile d'Alexandre Benalla à Issy-les-Moulineaux a été perquisitionné dans la journée.
Trois policiers également mis en cause ont été suspendus pour avoir transmis mercredi 18 juillet, des images de vidéo-surveillance filmées au moment des faits à Alexandre Benalla. Ils avaient été placés en garde à vue samedi 21 juillet.
La garde à vue d'Alexandre Benalla, de Vincent Crase et des trois policiers mis en cause dans l'affaire du 1er mai a été levée samedi soir. Ils devraient être présentés dimanche à un juge d'instruction.
Selon Le Parisien, le syndicat de police Vigi a décidé de s’associer à la procédure lancée par le parquet en déposant plainte, notamment pour des faits d’usurpation de fonction et usurpation de signe réservé à l’autorité publique.
Le syndicat s’interroge sur d’éventuelles complicités au sein du cabinet de la présidence de la République. "Afin que des fonctionnaires de police fournissent à M. Benalla un casque de police ainsi qu’un brassard police, il est évident que des ordres avaient été donnés à ceux-ci".
Les victimes présumées des violences commises par Alexandre Benalla ont été identifiées. Elles ont fait savoir aux enquêteurs qu'elles souhaitaient être entendues ultérieurement.
L'Élysée a annoncé avoir engagé une procédure de licenciement contre son collaborateur, qui avait été suspendu pendant deux semaines en mai.
"Il a été porté à la connaissance de la présidence de la République des faits nouveaux, qui sont constitutifs d'une faute commise, et qui font l'objet d'une procédure judiciaire", a indiqué l'Élysée, qui précise que M. Benalla "aurait été destinataire d'un document de la préfecture de police qu'il n'était pas autorisé à détenir".
Le gouvernement a décidé dimanche 22 juillet de suspendre l'examen du projet de révision constitutionnelle sous la pression des élus de l'opposition qui bloquent les travaux depuis quatre jours pour réclamer la "transparence" sur l'affaire Benalla, ce proche d'Emmanuel Macron au cœur d'une tempête politico-judiciaire.
Situation rarissime, le Parlement est paralysé depuis jeudi et les révélations du journal Le Monde sur les agissements d'Alexandre Benalla, 26 ans, homme de confiance du chef de l'État, lors des manifestations du 1er-Mai à Paris.
Les députés de droite et de gauche qui dénoncent désormais une "affaire Macron", ont obtenu que la commission des Lois de l'Assemblée se constitue en commission d'enquête pour mettre au jour les rouages de cette affaire qui implique les plus hautes instances de l'État, mais ils réclament aussi que le gouvernement s'explique devant la représentation nationale.
Christian Jacob, député de la 4ème circonscription de Seine-et-Marne a interpellé le gouvernement à l'Assemblée nationale sur l'affaire Benalla :
"Pourquoi Édouard Philippe n'a même pas répondu à la demande de LR et de LFI de venir discuter dans l'hémicycle (article 50-1 de la constitution) ?"
Et "Pourquoi Castaner fait des allers-retours entre les quatre colonnes et la buvette ?"
Prise de bec entre Christophe Castaner, délégué La République en Marche (LREM), et Marine Le Pen, Présidente du Rassemblement national (RN) dans la salle des Quatre colonnes de l'Assemblée nationale.
Le ministre de l'Intérieur Gérard Collomb sera entendu lundi 23 juillet à partir de 10H00 par la commission d'enquête lors d'une audition publique, il le sera mardi après-midi par la commission des Lois du Sénat, également constituée en commission d'enquête.
Nouvelle révélation dans l'affaire Benalla. Cette fois, c'est à l'Assemblée nationale que cela se passe. Les députés ont en effet appris que l'homme de main d'Emmanuel Macron, Alexandre Benalla, disposait d'un badge pour accéder à l'hémicycle.
Il "disposait d'un tel badge depuis le 24 juillet 2017" et "ce badge lui a été retiré il y a trois jours", a affirmé Marc Le Fur (LR), l'un des vice-présidents de l'Assemblée, qui a souhaité "savoir qui a demandé un tel badge, quelle autorité élyséenne, pourquoi" et "que des mesures soient prises pour que de tels incidents ne puissent plus intervenir".
Le patron des députés LR, Christian Jacob, a été beaucoup plus virulent. ""On découvre que ce barbouze, car il faut appeler les choses par leur nom, avait accès à l'Assemblée ! Mais au nom de quoi avait-il un badge ? On nous explique que c'est pour la sécurité du Président mais alors pourquoi avait-il accès à l'hémiycle ? C'est quand même très grave", a-t-il dit.