Racisme : la France pointée du doigt par la P.I , l'Europe et l'ONU...
Après la presse internationale qui s'en est pris aux récentes propositions du président français en matière de sécurité et d'immigration, accusant Nicolas Sarkozy d'attiser dangereusement les sentiments anti-immigrés au nom de calculs politiques à court terme, l'Europe qui a épinglée la France en faisant état de " points très préoccupants" dans son quatrième rapport de la commission européenne contre le racisme et l'intolérance ( ECRI ), c'est au tour des Nations unies de critiquer la France et sa politique envers les étrangers.
Le comité pour l'élimination de la discrimination raciale ( CEDR ) de l'ONU, réuni à Genève, a dénoncé les récentes propositions de Nicolas Sarkozy concernant les Roms et la déchéance de nationalité de certains criminels, lors d'un discours à grenoble, le 30 juillet 2010.
Selon le compte-rendu de la réunion du CEDR, ses déclarations sur les Roms et l'annonce du démantèlement de plusieurs camps sont particulièrement montrées du doigt par les dix huit experts chargés d'examiner le rapport de la délégation française sur les mesures prises par Paris pour lutter contre les discriminations raciales, depuis son dernier examen en 2005.
L'ONU dénonce ainsi l'amalgame entre Roms et gens du voyage : le nombre de ces derniers est estimé à 400.000 personnes, dont 95% de nationalité française.
Les experts s'indignent aussi des déclarations du président de la République Nicolas Sarkozy et du ministre de l'intérieur Brice Hortefeux sur la possibilité de déchoir de sa nationalité un citoyen naturalisé si ce dernier est condamné pour le meurtre d'un policier, pour polygamie ou excision. Gunt Kut, expert Turc, déclare ne pas comprendre < ce qu'est un Français d'origine étrangère : je me demande si cela est compatible avec la constitution >.
Pointant du doigt la montée du racisme en France, le rapporteur de la session, l'américain Pierre-Richard Prosper, rappelle à la France son rôle moteur dans la défense de la liberté et des droits de l'homme, soulignant qu'il y avait aujourd'hui une contradiction avec l'image du pays à travers le monde et la réalité. < Il y a un manque de volonté politique pour changer tout cela >, ajoute-t-il. Par ailleurs, l'expert togolais Ewomsan Kokou constate ainsi que la France est confrontée à une recrudescence notable du racisme et de la xénophobie, malgré de nombreux instruments légaux.
Pierre Lellouche a répondu à ces critiques et a déclaré que la France était un Etat de droit rigoureusement respectueux des droits de l'homme, qui s'attache à garantir les libertés publiques et préserver le droit à la sécurité, < premier des droits de l'homme >, selon le secrétaire d'Etat aux Affaires européennes. Le Quai d'Orsay a également affirmé que la France veillera dans ce domaine, comme elle le fait en toutes circonstances, à respecter les principes des droits de l'homme.
Le CEDR conclura sa session le 27 août 2010 par une série de recommandations. Les experts pourraient demander à la France d'apporter des améliorations sur certains points et de venir leur en rendre compte dans un délai défini.
Même si la France a signé la convention de l'ONU, rien ne l'oblige à mettre en oeuvre les recommandations du CEDR.
Seule la pression des ONG < Organisation non gouvernementale > pourra amener la France à appliquer les mesures prises depuis 2005.
Discours de Nicolas Sarkozy le 30 juillet 2010 à Grenoble ( département de l'Isère - 38 )