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Pitié-Salpêtrière : Christophe Castaner retire le mot "attaque" , Edouard Philippe le soutient

Publié le par Pierre HAMMADI

Mercredi 1er mai vers 21 heures Christophe Castaner, le ministre de l’Intérieur, a tweeté :

"Ici, à la Pitié-Salpêtrière, on a attaqué un hôpital. On a agressé son personnel soignant. Et on a blessé un policier mobilisé pour le protéger. Indéfectible soutien à nos forces de l’ordre : elles sont la fierté de la République."

Martin Hirsch, le directeur général de l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris (et ancien président d'Emmaüs France), qui a porté plainte après l'intrusion, a estimé jeudi 2 mai, sur Franceinfo qu'on était "passé au bord d'une catastrophe".

"Il aurait pu se produire un drame dont je n'ose même pas imaginer les conséquences", a-t-il dit.

La ministre de la Santé Agnès Buzyn, qui s'est rendue sur place jeudi, a rappelé qu'il y avait bien eu intrusion dans l'enceinte de l'hôpital et que les manifestants s'en étaient ensuite pris à la porte d'entrée vitrée défendue par le personnel soignant mais elle a refusé de parler d'attaque.

"Aujourd'hui une enquête est en cours, je ne suis pas là pour qualifier les circonstances de cette tentative d'intrusion", a-t-elle dit à la presse.

"On peut aussi observer que les grilles de cet hôpital étaient fermées, étaient cadenassées (...) et il y a eu une volonté claire de forcer les grilles puisque les chaînes ont été cassées."

La directrice de l'hôpital, qui se trouvait derrière la grille, a signalé aux manifestants qu'ils pénétraient dans l'enceinte d'un hôpital. "Ils le savaient et ils ont souhaité pénétrer tout de même", a-t-elle dit.

Après avoir dénoncé une "attaque" de l'hôpital en marge du défilé du 1er-Mai, le ministre de l'Intérieur est accusé de mentir, car des vidéos contredisent la version d'une "attaque" par des manifestants du service réanimation de l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière. Et jeudi 2 mai, les 32 gardes à vues ordonnées dans le cadre de l’enquête ont d’ailleurs été levées.

Du haut d'une passerelle qui dessert la sortie de secours du service de réanimation de l'hôpital, plusieurs soignants filment les manifestants qui sont déjà entrés dans l'enceinte de l'établissement, vaste de plusieurs hectares, par l'accès de la résidence universitaire du Crous. La vidéo de l'un d'entre eux, relayée sur Facebook, montre des manifestants fuir soudainement vers eux, dans la panique, alors que des policiers entrent sur le site.

Au bout d'une minute, des policiers arrivent sur la passerelle et commencent à les évacuer dans le calme. Au même moment, un bref échange a lieu entre soignants et manifestants, la porte ouverte cette fois-ci. "Ils nous gazent", dit l'un d'eux. "Ils ne vont rien vous faire", rassure une soignante, alors qu'un policier le raccompagne dans le calme.

La fin de la vidéo permet d'entendre les réactions des infirmiers et des aides soignants, certains avouant être "choqués", tandis que d'autres plaisantent. L'un d'entre eux : "j'ai encore cassé la porte, j'ai tiré comme un fou" ou d'autres essaient de comprendre ce qu'il vient de se passer : "ils n'ont pas compris, ils ne savaient pas, ils ont juste cherché une issue possible".

"Le ministre de l'Intérieur doit cesser de mettre de l'huile sur le feu et doit maintenant s'expliquer sur ses déclarations démenties par les faits", a écrit Bruno Retailleau, président du groupe LR au Sénat sur Twitter.

"S'il s'agit d'un mensonge délibéré dans le seul et unique but de disqualifier et salir une mobilisation sociale, le ministre de l'Intérieur doit être démis de ses fonctions sans délai", a aussi estimé Benoit Hamon (Génération.s), demandant que "le gouvernement produise les preuves de ce qu'il affirme". 

"Le Gouvernement pris en flagrant délit de #FakeNews, assez de cette propagande ! @CCastaner a manipulé les faits pour discréditer ses opposants : il doit démissionner. Il y a suffisamment de violences à condamner pour ne pas en inventer", a jugé Nicolas Dupont-Aignan.  

Alexis Corbière, député LFI de Seine-Saint-Denis est allé encore plus loin, en martelant: "Castaner menteur, Castaner démission!".

Vendredi 3 mai, la majorité fait bloc derrière le ministre pour répondre par la négative et soutenir ses propos. "Je trouve cette polémique révoltante", a réagi, sur RTL, le secrétaire d’État auprès du ministre de l’Éducation, Gabriel Attal. "Tout ce temps perdu à alimenter une polémique pour faire l’exégèse du terme “attaque”... Ce n’est pas acceptable d’entrer dans un hôpital en défonçant une grille. Un hôpital n’est pas une zone de non-droit, et je demande que les personnes qui essayent de détourner le débat en créant des polémiques puissent condamner ce qu’il s’est passé car c’est condamnable", affirme-t-il.

"Christophe Castaner a croisé un certain nombre de personnels de la Pitié-Salpêtrière qui étaient choqués. Entrer dans un hôpital, même pour se réfugier, ce n’est pas normal" a réagi, quant à lui, le ministre des relations avec le Parlement Marc Fesneau, sur Sud Radio. 

"vouloir s'introduire dans un hôpital de cette façon n'est pas excusable", a réagi sur BFMTV, le Premier ministre, Édouard Philippe.

Critiqué de toutes parts et accusé de "fake news", le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner a fait marche arrière vendredi 3 mai, dans une conférence de presse depuis Toulon (Var).

"Intrusion violente, c’est le mot qu’a utilisé la directrice de l’hôpital. Attaque, c’est celui qui m’est venu après avoir entendu le récit ému des personnels. J’entends le reproche qui m’est fait pour avoir utilisé le mot "attaque", je souhaite qu’aucune polémique n’existe sur ce sujet, et en la voyant naître, je me dis que je n’aurais pas dû l’employer".

"Intrusion violente, terme utilisé par la directrice, est en effet mieux adapté et semble confirmer d’ailleurs par les vidéos qui sont apparues depuis".

"S'agissant des polémiques qui ont agité le monde médiatico-politique pendant les vingt-quatre dernières heures, je crois savoir que le ministre de l'Intérieur a corrigé son propos. Il a sans doute eu raison de le faire en choisissant le terme qu'il a utilisé. Et je n'ai pas d'autres commentaires à faire sinon qu'il a évidemment, et comme depuis le début, toute ma confiance", a affirmé le premier ministre à Montmoreau (Charente).

Au cœur de la polémique, des élus d'opposition ont réclamé vendredi 3 mai, l'audition devant le Parlement du ministre de l'Intérieur, d'autres exigeant sa démission.

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