Bagarre à Orly : Booba et Kaaris placés en détention provisoire
Les deux stars du rap français Booba, 41 ans, et Kaaris, 38 ans, ont été jugés en comparution immédiate au tribunal de Créteil vendredi 3 août, a annoncé le parquet de Créteil (Val-de-Marne).
Les clans des rappeurs se sont violemment affrontés mercredi 1er août dans une zone d'embarquement de l'aéroport d'Orly, sous les yeux de passagers paniqués, dont certains ont filmé la scène.
Sur les images circulant sur les réseaux sociaux, on peut les voir s'invectiver et en venir aux mains dans une salle d'embarquement d'Orly-Ouest, au milieu des passagers et des boutiques de produits hors taxe.
Aéroports de Paris a déposé plainte pour "trouble à l'ordre public avec préjudice d'image et financier", le hall 1 ayant été temporairement fermé mercredi après-midi. Une deuxième plainte a été déposée par Air France qui a chiffré à 8.500 euros son préjudice dû aux retards subis par plusieurs de ses appareils. Le gérant de la boutique de duty-free où s'est déroulé l'affrontement a également déposé plainte, et a fait état de 54.000 euros de dégâts.
Après 3h30 d'audience, la décision est finalement tombée.Le tribunal correctionnel de Créteil a renvoyé au vendredi 6 septembre le procès des deux rappeurs rivaux Booba et Kaaris, poursuivis pour leur participation à une rixe mercredi à l'aéroport d'Orly, et ordonné leur placement en détention provisoire dans l'attente de cette nouvelle audience.
Le président du tribunal, qui a également ordonné l'incarcération des neuf autres prévenus, a justifié sa décision par "l'animosité persistante entre les deux groupes", le risque de nouvelles altercations et la nécessité de protéger "l'ensemble des personnes".
La décision, prise après environ deux heures de délibération, a été accueillie par des cris de surprise et de protestation. "Ça va être la guerre", a-t-on entendu dans le public. Booba et Kaaris sont restés calmes.
Ces deux figures du rap hexagonal devaient ce jour-là prendre un avion à Orly pour Barcelone pour s'y produire séparément dans la soirée. Mais avant d'embarquer, leurs deux clans se sont violemment affrontés.
"Ce qui est arrivé est inexcusable, déplorable", avait déclaré devant le tribunal Booba, évoquant les "familles qui voyagent, les "gens qui travaillent", et les enfants qui étaient sur place au moment des faits. Le rappeur a assuré qu'il ne savait pas que Kaaris voyageait le même jour que lui. "Si j'avais su, j'aurais changé mes billets", au vu de leurs "antécédents", a-t-il dit, se disant "bien évidemment prêt à payer 50% des dommages et intérêts".
Jouant l'apaisement Booba a conclut "L'abcès a été crevé, si on doit être irréprochables pour la justice et le rap, on le sera sans problème".
"Tout est terminé, tout est apaisé", avait renchéri Kaaris, originaire de Sevran (Seine-Saint-Denis).
L'audience en comparution immédiate, qui avait attiré de nombreux journalistes, quelques curieux et des supporteurs des deux clans, avait été exceptionnellement délocalisée dans la salle de la cour d'assises de Créteil, équipée de deux boxes permettant de séparer les deux rappeurs, devenus rivaux après avoir été très proches.
"Ce qu'on a décidé c'est que la justice se rend sur les réseaux sociaux, sur les chaînes d'infos en continu. On n'a pas voulu saisir l'opportunité d'avoir une décision d'apaisement pour tout le monde", a dénoncé Yassine Yacouti, l'un des avocats de Kaaris. "Des deux côtés, nous sommes déçus. Un certain nombre de personnes méritaient leur liberté.
Yassine Yakouti, un des avocats de Kaaris, réagit à la décision du tribunal : pic.twitter.com/DBwgtU13AO
— Mahaut Landaz (@mahautldz) 3 août 2018
"Le père est là, le fils est là", a dit son deuxième avocat David-Olivier Kaminski, insistant sur la volonté d'apaisement après les "mots de haine"."Kaaris prenait des selfies tranquillement avec des voyageurs, il n'était pas là pour une +battle+ de rappeurs", a-t-il ajouté. "C'est un homme qui n'a rien à faire en prison", a conclu l'avocat.
L'avocat de Booba, Yann Le Bras a lui aussi tenté d'effacer l'image de "rappeurs qui se déchaînent (...) dans un aéroport". Dans le box, ce sont des "quadragénaires, pères de famille", a-t-il dit. Booba, originaire de Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine), est un "chef d'entreprise exemplaire" dont le planning chargé de concerts pour l'été se trouve désormais chamboulé.
Les prévenus risquent jusqu'à sept ans de prison et 100.000 euros d'amende. Les deux camps devraient faire appel. Pour l'heure, ils ont été placés dans deux prisons différentes : à Fresnes pour le clan de Kaaris, et à Fleury-Mérogis pour celui de Booba.