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Frappes en Syrie : Une large part de la classe politique a pris position contre l’intervention française

Publié le par Pierre HAMMADI

Trois heures du matin, samedi 14 avril, des bombes s'abattent sur Damas en Syrie.

Au même moment, le président américain, Donald Trump, prend la parole à la télévision. Il annonce une opération en cours avec le Royaume-Uni et la France : une série de frappes contre les centres de production et de recherche de l'arsenal chimique en Syrie, en réaction à l'attaque chimique présumée du 7 avril à Douma, dans la Ghouta orientale. 

L'opération a duré une heure. Ces frappes ont ciblé Damas et la région de Homs. Elles ont visé "le principal centre de recherche" et "deux centres de production" du "programme clandestin chimique" du régime syrien, a précisé, samedi dans la matinée, la ministre des Armées Florence Parly. Au total, 105 missiles français, britanniques et américains ont été tirés. 

Une "bonne partie de l'arsenal chimique" du régime de Damas a été détruite par ces frappes occidentales, a assuré le ministre des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian. "Tous les missiles tirés par la France et sans doute par l'ensemble des alliés ont atteint leur cible", a affirmé le chef d'état major des Armées François Lecointre, samedi en fin d'après-midi.

- Une large part de la classe politique a pris position contre l’engagement français -

Dans une interview au JDD, le président du parti Les Républicains (LR) Laurent Wauquiez se montre très circonspect sur l'utilité des frappes contre le régime de Bachar el-Assad. S'il dit "soutenir par principe notre armée quand elle combat", il dit également ne pas croire "à l’utilité de frappes punitives".

"Frapper pour frapper, pour donner le sentiment de faire quelque chose, sans qu’il y ait une quelconque stratégie derrière, je n’en comprends ni l’utilité ni le sens. La priorité du Président à l’international doit être de lutter contre les islamistes. Notre priorité absolue, c’est d’empêcher Daech de pouvoir contrôler un pays. Si l’usage d’armes chimiques est avéré, Bachar el-Assad devra répondre de ses actes. La CPI existe précisément pour cela".

La députée LR des Bouches-du-Rhône Valérie Boyer a pour sa part jugé sévèrement l'action du chef de l'État.

"Alors que la France a totalement été absente dans la lutte contre le terrorisme, Emmanuel Macron entre dans cette escalade de la violence malgré les mises en garde de l'ONU. Nous nous soumettons ainsi à la politique américaine contre la Russie... Pour quels résultats?"

Pour Bruno Retailleau président du groupe LR au Sénat "Ajouter la guerre à la guerre n'a jamais fait avancer la paix.Cette démonstration de force ponctuelle risque d'alimenter le terrorisme. Elle nourrit l'idée que l'Occident est hostile au monde arabe. Ces frappes affaiblissent notre diplomatie. Emmanuel Macron aligne la diplomatie de la France sur celle de Donald Trump ; c'est une erreur et les leçons du passé et de nos échecs au Moyen Orient semblent déjà oubliés."

Julien Aubert député LR du Vaucluse a lui aussi condamné la décision du Président.

"Pour la première fois de son histoire, la France d’Emmanuel Macron n’est pas du coté du droit. En bombardant sans l’aval du conseil de sécurité un pays souverain, comme Bush en Irak, elle détruit le système légal (ONU) dont elle est une des premières bénéficiaires (Véto)."

Jean-Luc Mélenchon député France insoumise (FI) des Bouches-du-Rhône, a lui  aussi dénoncé l’absence de mandat de l’ONU.

"Les frappes contre la Syrie se font sans preuve, sans mandat de l’ONU et contre elle, sans accord européen et sans vote du Parlement français", a souligné le député des Bouches-du-Rhône. "C’est une aventure de revanche nord-américaine, une escalade irresponsable", a-t-il dénoncé, jugeant que "la France mérite mieux que ce rôle". "Elle doit être la force de l’ordre international et de la paix". 

Pour l’ancien candidat anticapitaliste (NPA) à la présidentielle Olivier Besancenot , cette intervention sert à faire oublier la situation sociale en France.

"Là-bas, les frappes ne règlent rien, si ce n’est quelques factures impérialistes. Elles aggravent la situation. Ici, la guerre occupe les écrans et les esprits, comme un rideau de fumée qui voudrait étouffer la situation sociale."

Marine Le Pen, présidente du Front national (FN), a aussi jugé que par ces frappes, la France avait perdu "une occasion d’apparaître sur la scène internationale comme une puissance indépendante". 

"Ces frappes contre la Syrie nous engagent dans une voie aux conséquences imprévisibles et potentiellement dramatiques."

Florian Philippot, président des Patriotes, a comparé Emmanuel Macron à l’ancien premier ministre britannique Tony Blair, qui avait suivi les Etats-Unis dans la guerre d’Irak, parlant du "président Macron qui est de plus en plus à Donald Trump ce que Tony Blair était à Georges W. Bush".

- Le centre, la gauche et le parti d'Emmanuel Macron saluent l’intervention -

Les socialistes, par la voix de leur premier secrétaire, Olivier Faure, ont également cautionné les frappes. "Les attaques chimiques répétées du régime de Damas contre son peuple imposaient une réaction. Le silence des nations ouvrirait une jurisprudence criminelle donnant dans les faits la possibilité de violer les conventions internationales sur l’utilisation d’armes chimiques."

Sans surprise, Jean-Christophe Lagarde, président de l’UDI, a souligné "l’honneur de la France d’être à la hauteur du rôle singulier et historique qui est le sien et d’avoir pris l’initiative, au côté des démocraties américaine et britannique, d’exercer des frappes aériennes ciblées sur l’arsenal chimique syrien. Nos compatriotes doivent comprendre que l’objectif prioritaire de la France en Syrie, qui demeure l’éradication définitive de Daech, ne s’oppose pas à notre devoir international de protéger les populations civiles".

Christophe Castaner, délégué général de La République en marche (LRM), a rappelé que l’utilisation d’armes chimiques contre les civils, c’était "la ligne rouge" à ne pas franchir.

"Le régime d’Al-Assad l’a franchie. La France ne pouvait se tenir aveugle et muette face à cette barbarie. Les frappes en Syrie menées cette nuit sont nécessaires et salvatrices pour le peuple syrien."

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