Muriel Pénicaud a autorisé le licenciement d'un syndicaliste de La Poste contre l'avis de l'inspection du Travail
La ministre du travail Muriel Pénicaud a autorisé mardi 20 mars, le licenciement de Gaël Quirante 42 ans, syndicaliste SUD Poste dans les Hauts-de-Seine, contre l'avis de son ministère.
Le responsable syndicale l'a appris par un courrier recommandé, samedi 24 mars, rapporte Médiapart. C'est la quatrième fois que La Poste demandait son licenciement pour faute grave depuis 2010. L'inspection du travail a toujours refusé cette procédure.
"L’administration juge d’une part que les faits reprochés à Gaël Quirante ne sont pas assez graves pour le licencier et d’autre part qu’il est visé en raison de ses activités syndicales", explique le site d'information.
Dans un communiqué, le syndicat fait valoir que cette autorisation de licenciement va à l'encontre d'un "avis de l'inspection du travail" et des conclusions de la "contre-enquête" réalisée par la Direccte (Direction régionale des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l'emploi) préalablement à la décision du ministère. Tous deux établissaient "un lien" entre la demande de licenciement et "les mandats exercés" par M. Quirante et se prononçaient contre son renvoi.
En 2010, l'inspection du travail avait refusé une première fois le licenciement de Gaël Quirante. Une décision confirmée par le ministre du travail de l'époque, Xavier Bertrand, suite à un premier recours de La Poste, et par le tribunal administratif. Mais en 2013, la Cour administrative d'appel de Versailles a annulé ces décisions, renvoyant la procédure au point de départ.
Le syndicaliste est dans le viseur de La Poste depuis de nombreuses années. Lors d'une grève qui a duré plus de deux mois dans les Hauts-de-Seine, plusieurs cadres du groupe ont été retenus pendant 2 heures 30 minutes, le 10 mai 2010. Plusieurs militants, dont Gaël Quirante, mais aussi le porte-parole du NPA Olivier Besancenot, ont écopé d'une amende de 1.500 euros avec sursis pour "séquestration". La peine du syndicaliste de SUD a été confirmée en appel en février 2013.
"Dans son courrier d’autorisation, la ministre revient sur les faits de 2010, les jugeant d’une gravité suffisante pour justifier le licenciement, mais elle ne dit rien sur le lien établi avec mon mandat", assure Gaël Quirante à Médiapart.
Le lundi 26 mars, le centre postal d'Asnières dans les hauts-de-Seine était en grève à "90%", selon SUD. Dans la soirée, plusieurs dizaines de travailleurs de La Poste, accompagnés de militants associatifs et politiques, se sont rassemblés devant le ministère du Travail à Paris.
Parmi les manifestants, Olivier Besancenot, porte-parole du NPA, a dénoncé "une décision particulièrement injuste et lourde de sens pour tout salarié qui demain sera appelé à lutter, à résister, à faire grève ou tout simplement à l'ouvrir".
Quant au leader de la France insoumise, Jean-Luc Mélenchon, il s'en est pris au micro à la ministre du Travail, Muriel Pénicaud, qui "dans cette circonstance est à l'image de la violence de classe qu'elle incarne", et a dénoncé "une vision des rapports de classe qui est entièrement basée sur la violence et la répression".
Les représentants du personnel sont des salariés protégés dont le licenciement est soumis à autorisation de l'inspection du travail. L'employeur, s'il est en désaccord avec cette décision, peut ensuite la contester auprès du ministre du Travail.
Le 13 mars dernier, un appel publié par Mediapart et signé par plusieurs personnalités politiques, syndicales et associatives appelait à renoncer à ce "licenciement politique". "Nous refusons de voir se multiplier les cas de répression à la Poste comme ailleurs", écrivaient les signataires.https://blogs.mediapart.fr/les-invites-de-mediapart/blog/130318/non-au-licenciement-de-gael-contre-la-repression-la-poste-et-ailleurs