Attentat dans l'Aude - Le gendarme Arnaud Beltrame est mort poignardé au cou
L’autopsie du lieutenant-colonel Arnaud Beltrame a "mis en évidence des lésions par balles non létales" et "révélé une plaie gravissime de la trachée et du larynx par arme blanche". Ce sont les blessures par arme blanche au niveau de la gorge qui lui ont été fatales.
Quatre personnes ont été tuées et seize autres blessées, dont deux grièvement, dans des attaques perpétrées dans l'Aude, vendredi 23 mars. La section antiterroriste du parquet de Paris est saisie de la fusillade et de la prise d'otages dans l'Aude. Le groupe État islamique a revendiqué les attaques.
Le suspect, Redouane Lakdim, est né au Maroc le 11 avril 1992, il a été naturalisé en 2004 car son père était devenu français.
Il est "fiché S depuis 2014, en raison de sa radicalisation et de ses liens avec la mouvance salafiste", a indiqué le procureur de la République, François Molins.
L'homme aurait agi seul. Il a été abattu par les forces de l'ordre qui ont donné l'assaut contre le supermarché Super U dans lequel il était retranché.
Selon RTL, Redouane Lakdim était fiché au FSPRT (Fichier des signalements pour la prévention de la radicalisation à caractère terroriste).Près de 20.000 personnes sont aujourd’hui inscrites dans ce fichier.
Une version que pondère le ministre de l'Intérieur : "Il avait 26 ans et était connu pour des faits de petite délinquance et nous l'avions suivi et nous pensions qu'il n'y avait pas de radicalisation, mais il est passé à l'acte brusquement."
L'homme était connu de la justice notamment pour détention d'armes et trafic de stupéfiants. "Aucun signe précurseur ne laissait présager un passage à l’acte terroriste", a souligné le procureur de Paris François Molins.
"Aucun signe précurseur pouvant laisser présager d’un passage à l’acte terroriste" n’avait été décelé chez lui, a ajouté François Molins dans la soirée. Lakdim était soupçonné d’avoir effectué un voyage en Syrie, mais rien n’est encore sûr.
Il vivait à Carcassonne et il était suivi par les services de renseignement depuis 2013. Il a fait un bref séjour en prison en 2016 pour des faits de droit commun. "un deal de stupéfiants" a évoqué le ministre de l'Intérieur Gérard Collomb.
Le terroriste retranché sollicitait la libération de "frères", a précisé le procureur. D'après plusieurs médias, il demandait notamment la libération de Salah Abdeslam, du commando terroriste du 13-Novembre 2015.
Une témoin, joint par Franceinfo raconte : "Un homme a crié et a tiré des coups de feu à plusieurs reprises. J'ai vu une porte de frigo, j'ai demandé aux gens de venir se mettre à l'abri. Nous étions dix et nous sommes restés une heure. Il y a eu encore des coups de feu et on est sorti par la porte de secours derrière. [...] Il a crié Allah je ne sais pas quoi, je ne l'ai pas vu."
L'auteur des attaques a d'abord braqué un automobiliste vendredi 23 mars à Carcassonne, pour
lui voler sa voiture, une Opel Corsa blanche. Il a ouvert le feu, et le passager est mort. Le conducteur a été blessé.
L'assaillant a ensuite tiré sur des CRS qui faisaient leur footing près de leur caserne, vendredi vers 10h35, blessant l'un d'entre eux. Le policier a deux côtes cassées et un poumon perforé. Il a été pris en charge par le Samu, mais ses jours ne sont pas en danger. Il est âgé de 43 ans, est marié et père de trois enfants. Six coups de feu ont été tirés. Ce sont des hommes originaires de la CRS 53 de Marseille.
Vers 11 heures, le suspect s'est rendu à Trèbes, à 8 km de Carcassonne, et a fait irruption dans le supermarché Super U. Il a alors retenu plusieurs clients en otages. Certains ont réussi à fuir. Au cours de cette prise d'otages, le lieutenant-colonel de gendarmerie Arnaud Beltrame est entré dans le magasin, en échange de la libération d'un otage. Quand il pénètre dans le magasin, l'assaillant a déjà abattu deux personnes, un employé et une cliente. Vers 14h45, les gendarmes du GIGN ont donné l'assaut. Le preneur d'otages a été abattu. Deux hommes du GIGN ont été blessés.
L’agence de propagande de l’organisation terroriste État islamique a revendiqué ces attaques. "L’homme qui a mené l’attaque de Trèbes, dans le sud de la France, est un soldat de l’État islamique (EI), qui a agi en réponse à l’appel de l’organisation à viser les pays membres de la coalition internationale anti-EI", ont indiqué les djihadistes.
Le ministre de l'intérieur Gérard Collomb a salué "l'acte d'héroïsme" d'un lieutenant-colonel de gendarmerie qui s'est substitué à un otage et qui a été grièvement blessé.
En conférence de presse, le procureur, François Molins, a indiqué que la compagne de Radouane Lakdim ainsi que l’un de ses amis, mineur, ont été placés en garde à vue pour "association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste criminelle".
De nombreuses investigations sont en cours afin de déterminer la provenance de l’arme utilisée par l’assaillant, les circonstances dans lesquelles il se l’est procurée ainsi que les éventuelles complicités dont il a pu bénéficier.
Une perquisition réalisée au domicile de Radouane Lakdim a permis de trouver des "notes faisant allusion à [l’organisation] État islamique" et s’apparentant à un testament, ainsi que des supports numériques, a fait savoir une source judiciaire.
La mère du gendarme Arnaud Beltrame, raconte à RTL que "défendre la patrie" est la "raison de vivre" de son fils, grièvement blessé par l'assaillant. Il est mort à l'âge de 44 ans des suites de ses blessures samedi matin 24 mars. Marié civilement sans enfant, il devait se marier religieusement cette année.
Après les attaques perpétrées à Trèbes et Carcassonne, dans l’Aude, vendredi 23 mars, les élus de toute la France ont témoigné leur soutien aux familles des victimes et aux forces de l’ordre.
#DGGN C'est avec une très vive émotion que je souhaite rendre solennellement hommage à l'héroïsme de notre camarade A.Beltrame décédé cette nuit. Je m'incline devant le courage, le sens du sacrifice et l'exemplarité de cet officier qui a donné sa vie pour la liberté des otages. pic.twitter.com/GnzmXWuFOX
— GendarmerieNationale (@Gendarmerie) 24 mars 2018
Mes pensées vont aux nouvelles victimes de la barbarie islamiste et à leurs familles.
— Laurent Wauquiez (@laurentwauquiez) 23 mars 2018
Hommage à nos forces de l’ordre qui ont encore démontré leur courage et leur sang-froid. #Trèbes
#Trèbes : Le terrorisme qui nous menace est le terrorisme islamiste, c’est le terrorisme de délinquants de droit commun qui basculent dans le fanatisme. Ne pas prendre en compte ces réalités serait une folie. pic.twitter.com/lt78mW4YDr
— Bruno Retailleau ن (@BrunoRetailleau) 23 mars 2018
Pensée pour les victimes de #Trèbes et leurs familles.Hommage à nos forces de sécurité et leur travail remarquable pour protéger les Fçais
— Gérard Larcher (@gerard_larcher) 23 mars 2018
Au nom des députés @LaREM_AN, j'adresse toute ma compassion aux victimes de l'ignoble attaque de #Trèbes, ainsi qu'à leurs proches
— Richard Ferrand (@RichardFerrand) 23 mars 2018
Saluons le dévouement des secours et des forces d'intervention, comme l'exceptionnelle bravoure du lieutenant-colonel qui s'est substitué à un otage
Une fois encore, une fois de trop la barbarie et la lâcheté. Une fois encore le courage de nos forces de sécurité. Une fois encore le peuple Français solidaire des victimes et uni dans la douleur comme dans la défense de la République. #Aude
— Olivier Faure (@faureolivier) 23 mars 2018
Mes pensées vont aux victimes de l'attentat terroriste de Trèbes et à leurs familles. En dépit des attaques répétées, nous restons unis par nos valeurs républicaines et notre démocratie.
— Benoît Hamon (@benoithamon) 23 mars 2018
Solidarité et pensées pour les proches des victimes des attentats de #Trèbes et #Carcassonne. #ArnaudBeltramehttps://t.co/4EFB7tPwkH
— Jean-Luc Mélenchon (@JLMelenchon) 24 mars 2018
Soulagé de la fin de la prise d'otage de Trèbes. Remerciements aux forces d'intervention. Toutes mes pensées vont aux victimes et à leurs proches
— Pierre Laurent (@plaurent_pcf) 23 mars 2018
Attaque terroriste à #Trèbes : toutes nos pensées vont aux victimes et à leurs familles.
— Marine Le Pen (@MLP_officiel) 23 mars 2018
Quand le gouvernement va-t-il comprendre que nous sommes en guerre ? MLP
"Le lieutenant-colonel Arnaud Beltrame nous a quittés. Mort pour la patrie.Jamais la France n’oubliera son héroïsme, sa bravoure, son sacrifice", déclare le ministre de l'Intérieur.
Dans un communiqué du palais de l'Elysée, Emmanuel Macron salue le "courage et l'abnégation exceptionnels" d'Arnaud Beltrame qui est "tombé en héros". Il "mérite respect et admiration de la nation tout entière".
"Son héroïsme marquera nos mémoires à jamais", a de son côté réagi le premier ministre Edouard Philippe sur Twitter.
Le frère du gendarme, Cédric Beltrame, a déclaré samedi sur RTL qu’Arnaud Beltrame était "parti en héros et c’est la réalité aujourd’hui", "ce qu’il a fait, ça va au-delà de l’engagement de son métier.
Le recteur de la mosquée de Lyon, Kamel Kabtane, a condamné samedi l’assassinat "odieux et lâche" d’Arnaud Beltrame, un acte qui, selon lui, "vient une fois de plus jeter l’opprobre sur toute une communauté qui se bat chaque jour pour se prémunir contre les propagateurs de la haine", a-t-il écrit dans un communiqué.
Nommé adjoint au commandement du groupement de gendarmerie de l’Aude en 2017, Arnaud Beltrame avait été commandant de compagnie au sein de la Garde républicaine et avait assuré la sécurité du palais de l’Elysée pendant quatre ans. En 2010, il avait pris le commandement de la compagnie d’Avranches (Manche) jusqu’en 2014, avant de devenir conseiller auprès du secrétaire général du ministère de l’écologie. Il a accédé au rang de lieutenant-colonel en 2016.
Un hommage national sera organisé en l’honneur du lieutenant-colonel de gendarmerie Arnaud Beltrame, a annoncé samedi 24 mars l’lysée à l’issue d’un conseil restreint de défense.