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Laurent Wauquiez président du parti LR : Il faut tourner la page des divisions

Publié le par Pierre HAMMADI

Face à Léa Salamé de L'Émission Politique de France 2, jeudi 25 janvier, Laurent Wauquiez explique que "nous avions une droite filet d'eau tiède qui a creusé un fossé avec les Français. Nous avons besoin de construire une nouvelle droite en faisant émerger une nouvelle génération. Il faut tourner la page des divisions et essayer de porter un nouveau projet". 

À la question d'une éventuelle porosité entre les idées de la droite et du Front national, Laurent Wauquiez assure une nouvelle fois qu'aucun rapprochement ne se fera avec le parti de Marine Le Pen. 

Face à François Lenglet, Laurent Wauquiez insiste sur le fait qu'il "est temps que la France s'occupe de nos sujets européens, pas uniquement pour faire de la naïveté dans la relation franco-allemande". Et d'ajouter : "Il n'y a pas que l'Allemagne en Europe (...) Il faut aussi dire à un moment aux Allemands : ça n'est pas possible que vous soyez les seuls à profiter du système économique européen".

Le président des Républicains estime qu'il ne s'agit "pas de fermer nos frontières" mais "de reprendre un peu de lucidité. "Je pense que l'Europe a été trop naïve, je pense que la France a été trop naïve (...) L'objectif, c'est d'essayer de faire en sorte d'avoir la lucidité de se rendre compte que tous les pays au monde essaient de fortifier leurs propres entreprises", a-t-il ajouté. 

Laurent Wauquiez a débattu face à Alain Minc. l'essayiste reproche au président des Républicains sa ligne politique floue : "Ça fleure la vieille tradition de l’extrême-droite classique, c'est le premier marqueur. Deuxième marqueur, celui du populisme, l’opposition entre le peuple et les élites. Venant de l’un des plus brillants représentants des élites, c’est peut-être un geste sacrificiel".

En réponse, Laurent Wauquiez l'attaque : "Ça fleure la vieille tradition de l’extrême-droite classique, c'est le premier marqueur. Deuxième marqueur, celui du populisme, l’opposition entre le peuple et les élites. Vous évoquez une discussion tenue quand j’avais 28 ans. 14 ans plus tard, vous n’avez pas vu la France changer autour de vous, le terrorisme monter ? Vous n’avez pas vu les thématiques de l’intégration se durcir ? Vous l’apôtre de la mondialisation, vous n’avez pas vu la détresse des classes moyennes et la paupérisation se renforcer. Vous n’avez pas compris ce qu’il se passait en Allemagne avec le vote d’Angela Merkel ? Vous n’avez pas vu ce qu’il se passait sur le Brexit et aux Etats-Unis ?".

Le président des Républicains ne mènera pas la liste de son parti aux élections européennes de 2019. "Je suis président de région. Je n’ai pas l’habitude de trahir la confiance de mes électeurs. Ils ont voté pour moi pour une durée de mandat, je ne fais pas partie de ces politiques qui surfent d’un mandat à un autre", justifie-t-il.

Benjamin Griveaux a d’emblée interpellé Laurent Wauquiez sur son slogan "la droite de retour". "L’enjeu n’est pas que la droite soit de retour, c’est que la France soit de retour" lâche le porte-parole du gouvernement.

Sur le plan fiscal, le président des LR accuse Emmanuel Macron de faire des cadeaux aux plus riches. Baisse des cotisations chômage et maladie en janvier, baisse de 30 % de la taxe d’habitation pour 80 % des Français au mois d’octobre : Benjamin Griveaux rappelle pourtant les efforts du gouvernement pour les classes moyennes. "La politique fiscale de votre gouvernement fait 42 % de cadeaux fiscaux aux 5 % les plus riches", insiste Laurent Wauquiez. Au final pour lui, "les Français et les classes moyennes vont perdre du pouvoir d’achat avec les mesures du gouvernement".

Laurent Wauquiez embraye sur la CSG : "La suppression de la taxe d’habitation c’est une baisse de 3 milliards alors que la hausse de la CSG est de 23 milliards. C’est injuste." "En bon Auvergnat, vous nous faites une bonne potée de chiffres", lance Griveaux. "Moi je suis Auvergnat, et chez nous on sait compter", recadre Wauquiez.

Nombreux sont ceux, y compris au sein de son parti, qui accusent Laurent Wauquiez d’être trop proche des idées du Front national. "J’ai toujours été très clair là-dessus. Il n’y aura jamais d’alliance avec les élus du FN" assure le président des Républicains. "Mais par contre, précise-t-il dans la foulée, il faut parler à ces Français qui ont voté pour Marine Le Pen. J’aborde des sujets qui sont importants pour les Français. Je ne veux pas laisser le monopole du social à la gauche ni le monopole de l’immigration à l’extrême droite".

Sur l'immigration, le patron des Républicains n’en démord pas. Pour lui, la politique migratoire de la France "ne marche plus. Il y a trop d’immigration en France et nos capacités d’intégration sont saturées. En 2017 nous avons accueilli plus de 260.000 étrangers". Laurent Wauquiez souhaite les ramener en dessous de la barre des 100.000 personnes par an. "Depuis que le président de la République Emmanuel Macron a été élu, la France n’a jamais donné autant de titres de séjour, c’est un record" déplore le président de la région Auvergne Rhône-Alpes.

Houria Abdelouahed, psychanalyste et maître de conférence à l’université Paris VII, reproche à Laurent Wauquiez d'invoquer un verset imaginaire du Coran censé inviter les musulmans à adapter leur foi aux mœurs du pays qui les accueille. Le président du parti LR contre-attaque et accuse l'intellectuelle de n'avoir pas eu l'élémentaire courtoisie de condamner les ravages de l'islamisme. Et qu'on ne le dise pas intolérant ! Il rappelle : "J'ai appris l'arabe et j'ai vécu en Egypte."

Elle a par ailleurs pointé du doigt des amalgames et des simplifications : "Il y a des immigrés qui sont des infirmiers, des enseignants... et de ceux-là, vous n'en parlez pas. Et je suis extrêmement choquée (...) Ce sont des immigrés qui ont pourtant une générosité... Quand vous parlez des immigrés étudiants qui viennent ici juste pour la carte de séjour, c'est caricatural (...) D'un côté, vous voulez créer une nouvelle droite mais (...) ce que vous avez dit (...) c'est le discours de Marine Le Pen."

Plus tôt dans l'émission, le président des Républicains était interrogé sur les similitudes entre son discours sur l'immigration et celui du Front national : "Vous vous attendez à ce que, pour vous plaire, je fasse une droite qui ne parle pas d'immigration ? Que je laisse le monopole du discours sur l'immigration au Front national ? C'est hors de question (...) Ça fait trop d'années que la droite a capitulé, qu'elle a renoncé à aborder un certain nombre de thèmes". 

Laurent Wauquiez était également très attendu sur les débats de société. Lui qui, pendant des années, appelait de ses voeux l'abrogation de la loi Taubira dit désormais accepter le choix des Français, qui ont tranché.

"Ça ne m'empêche pas de dire quelles sont mes convictions. Pas d'adoption plénière,pas de PMA pour les couples de femmes lesbiennes, pas de GPA". 

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