Etat d'urgence : ça restera inscrit pour très longtemps
Manifester sous une pluie battante alors qu’ils auraient pu rester au chaud ? La question ne s’est même pas posée. "Ce n’est pas tous les jours qu’on touche à notre Constitution pour y inscrire des sujets aussi importants, souligne Adrien. Ce n’est pas anodin : ça restera inscrit pour très longtemps." Il rappelle aussi que l’état d’urgence a été utilisé "dans les pires moments de notre histoire", raison de plus pour s’opposer à sa pérennisation.
Adrien et Valentine n’ont pas d’autocollants criards sur leurs vestes ni de pancartes "Déçu de ma nationalité" et "Assignés à résistance" à bout de bras. Ils ne reprennent pas à tue-tête les slogans "état d’urgence, Etat policier" crachés par les haut-parleurs des camions syndicaux (CGT, FSU…). Mais ils n’en pensent pas moins.
Eux aussi réclament la levée immédiate de l’état d’urgence, instauré après les attentats du 13 novembre, et l’abandon du projet de déchéance de nationalité pour les personnes condamnées pour des activités terroristes. C’est à cause de ce "désaccord politique majeur" que Christiane Taubira a démissionné du ministère de la justice mercredi 27 janvier. Et c’est aussi pour la soutenir elle, "ce dernier rempart de la gauche", que le couple est là aujourd’hui. Ils n’auraient "jamais pu imaginer", quand ils ont voté à gauche en 2012, que cette même gauche porterait un jour "de tels projets".
Alors que la place du Palais-Royal commence à se vider, les organisateurs égrènent au micro les chiffres de la mobilisation qui s’est aussi tenue dans quelque 70 villes à travers le pays : 20.000 manifestants à Paris (5.500 selon la police), 3.000 à Bordeaux (pas de chiffre police), 1.800 à Toulouse (1.300 selon la police), 1.000 à Nantes (800 selon la police). D’autres cortèges ont aussi défilé à Strasbourg, Auxerre, Bayonne, Metz, Nancy, Nice, Nîmes, Montpellier, Limoges, Grenoble, Saint-Etienne ou encore Montauban.
Pour ne pas laisser retomber la mobilisation, un prochain rassemblement parisien est prévu devant l’Assemblée nationale vendredi 5 février, jour du début de l’examen du projet de révision constitutionnelle.