Macron interpellé en Belgique : Pourquoi vous êtes le seul pays qui utilise des grenades contre sa propre population?
Lors du deuxième jour de sa visite d’État en Belgique, le président Emmanuel Macron, participait mardi 20 novembre, en compagnie du Premier ministre belge Charles Michel, à une conférence-débat sur le thème de l'Europe, organisée par l'Université catholique de Louvain (UCL) et où participaient plus de 800 étudiants.
Alors que le chef de l'État français expliquait qu'aux dernières élections européennes, le Front national était arrivé en tête en France, il s'est fait interrompre par des manifestants brandissant une banderole. "Le sang coule de leurs mains. Renseignez-vous", pouvait-on lire sur celle-ci.
"Il faut que vous disiez des mains de qui 'coule le sang' !", réagit alors Emmanuel Macron, qui propose de répondre à cette interpellation après avoir fini son propos sur l'enjeu des élections européennes.
Refusant d'attendre la fin du discours, l'étudiant repart de plus belle : "Pourquoi vous matraquez vos étudiants ? Pourquoi vous êtes le seul pays qui utilise des grenades contre sa propre population ? Pourquoi vous envoyez des militaires contre des citoyens qui défendent l'écologie ?", s'interroge alors le jeune homme. Il le traitera ensuite de "menteur". Le locataire de l'Élysée lui répond : "Alors là, vous dites n'importe quoi."
Le président de la République a ensuite demandé à son interlocuteur de ne pas "l'invectiver" et à la sécurité de ne pas l'expulser de la salle. '"C’est un lieu de discussion. Je réponds d’abord à votre camarade puis je vous répondrai", a-t-il poursuivi. Emmanuel Macron s'est ensuite inquiété du jet de tracts de son détracteur. "Et ne me mettez pas des papiers partout car quelqu’un va les ramasser et ce ne sera pas vous", a-t-il lancé.
"En France, les CRS ne s'attaquent pas aux étudiants. Et il y a pendant des jours et des jours des étudiants et beaucoup de non-étudiants, y compris un petit chien extrêmement sympathique qui avait un compte Twitter, qui ont saccagé l'université de Tolbiac", a encore affirmé Emmanuel Macron.
"Il faut arrêter les bêtises ! La moitié des gens ne sont pas des étudiants là depuis longtemps, ce sont des groupes anarchistes. Malheureusement, ils ont arrêté les études depuis très longtemps et n'ont pas envie de s'y remettre. Je serais très favorable à ce qu'ils reprennent les études, mais eux n'ont pas envie", a encore lancé le président de la République.
"Il n’y a eu aucune intervention avec de la violence contre eux. Il y a eu beaucoup de blessés dans nos forces de l’ordre, il n’y en a pas eu de leur côté", a encore dit Emmanuel Macron. Enfin, le chef de l'Etat a clos sa réponse en parlant de l'évacuation de la ZAD de Notre-Dame-des-Landes. "Et nous avons évacué des gens à Notre-Dame-des-Landes, car je pense qu’il faisait référence à ça, comme nous allons continuer à le faire" quand l'ordre public est mis en cause, a-t-il avancé.
La France est le seul pays en Europe à utiliser des grenades explosives pour maintenir à distance les manifestants les plus violents lors de rassemblements. C'est un rapport commun de l'inspection générale de la police et de la gendarmerie qui l'explique.
Cette grenade explosive s’appelle la GLI-F4. C’est celle-ci qui avait arraché la main d’un manifestant de la ZAD de Notre-Dame-des-Landes qui avait tenté de la ramasser en 2017. C’est cette même grenade qui avait blessé au pied, en août 2017, un manifestant à Bure en Lorraine.
Cette grenade a trois caractéristiques quand elle explose. Elle libère du gaz lacrymogène, elle provoque un bruit intense estimé à 165 décibels dans un rayon de cinq mètres. C’est, à titre de comparaison, plus fort qu’un avion au décollage qui produit environ 140 décibels. Surtout, elle provoque une forte explosion grâce à un explosif déjà présent dans une autre grenade, la OF-F1. Celle-ci était responsable de la mort de Rémi Fraisse en octobre 2014 à Sivens. Elle a été interdite depuis.
La GLI-F4 pourrait être interdite prochainement. Le 24 mai 2018, selon le bulletin officiel, le ministère de l'Intérieur a indiqué qu’il allait renouveler ses stocks de grenades, mais n’a pas commandé de nouvelles GLI F4. "Il a été décidé de ne plus fabriquer de cette grenade", a expliqué le ministère. Pourtant, celle-ci continuera d'être utilisée jusqu’à épuisement des stocks.