Des manifestants dégagés de force par les gendarmes avant l'arrivée de Macron
Ils sont une trentaine à avoir réussi à approcher la place de la mairie d'Albert (Somme), avant l'arrivée d'Emmanuel Macron et de Theresa May, vendredi 9 novembre. Aux cris de "Macron démission", ils veulent faire entendre leur détresse.
"Quand je fais des courses, j’ai peur que ma carte ne passe pas, qu’elle soit refusée. Je suis veuve, et en plus on nous a piqué la demi-part des impôts. On est en train de crever !", interpelle une dame.
Le président de la République n’est même pas encore arrivé que les gendarmes repoussent les manifestants. Gilet jaune sur le dos, une autre dame interpelle l'un d'entre eux. "Pourquoi vous n'êtes pas avec nous ? Même vous , vous êtes visés, peut être mêmes les premiers visés".
Une troisième dame fond en larmes quand elle prend un autre à partie. "Vous arrivez à finir vos fins de mois, vous ? Vous faîtes aussi des prêts conso pour remplir votre cuve de fioul ? Après vous êtes surendettés, on arrive plus à s'en sortir. Un jour, ce sera peut-être votre fille ou votre fils qui sera là. Vous le pousserez aussi à partir ? Voilà, le peuple doit s'écraser et partir".
La dame est forcée à partir. Elle explique pourquoi elle voulait s’adresser au président : "Pour manifester contre la politique générale de Macron. Je me rends compte que je parlais de lui comme quelqu’un de dédaigneux, de méprisant, mais c’est encore pire. C’est un dictateur, c'est du totalitarisme. On est juste une trentaine avec des gilets jaunes et une chanson. On fait juste ça, et vous voyez comment on nous traite?".
Refusant de se laisser faire, les manifestants ont répondu en s'asseyant par terre, avant d'être déplacés manu militari dans une rue perpendiculaire à la mairie, où ils ne pourraient être vus par Emmanuel Macron.
Interrogé un peu plus tôt lors de sa visite d'un centre social à Lens, Emmanuel Macron se disait pourtant une nouvelle fois attentif : "Faut savoir entendre tout ça, être au côté du peuple avec respect et tenir un cap. Donc s’il y a une chose que je veux que chacun de nos concitoyens comprenne profondément, c'est que je n’en abandonnerai aucun et que nous serons aux côtés de chacun, en particulier dans les territoires qui souffrent le plus."
"Il faut aller au contact de la colère et ne pas chercher à l’éviter", a ajouté Emmanuel Macron. Ce n'est pas vraiment la doctrine appliquée à Albert, où les forces de l’ordre avaient visiblement reçu d’autres consignes.