Macron : deux mâles blancs qui s’échangent un plan
L'Élysée avait prévenu que le président de la République ne présenterait pas un plan-cadre pour les banlieues suite à la remise du rapport très ambitieux de Jean-Louis Borloo.
Mardi 22 mai, devant un parterre d'invités parmi lesquels l'ancien ministre de la Cohésion sociale, le président de la République est allé plus loin encore en estimant que les plans de mobilisation pour les quartiers en difficulté ne fonctionnaient plus.
Aux élus locaux qui espéraient l'application d'un "plan Borloo" largement inspiré des propositions de l'ancien ministre, Emmanuel Macron leur a opposé une fin de non-recevoir: "Que deux mâles blancs -sous-entendu Jean-Louis Borloo et lui-même- ne vivant pas dans ces quartiers s'échangent l'un un rapport, l'autre disant 'on m'a remis un plan'... Ce n'est pas vrai. Cela ne marche plus comme ça".
"Les gens qui y vivent, qui font, qui agissent, parfois depuis des décennies, ce sont des acteurs de ces sujets. Ils ont envie de faire, ils ont une bonne partie des solutions, elles ne sont parfois pas reconnues", a-t-il lancé.
Cette phrase du président a suscité quelques réactions politiques comme celle de Marine Le Pen sur son compte Twitter : "Je trouve extrêmement choquant que #Macron évoque un argument racial digne des "Indigènes de la République", en délégitimant toute solution pour les banlieues qui émanerait de "mâles blancs". C’est la consécration du communautarisme au sommet de l’État. #LaFranceUneChance".
Je trouve extrêmement choquant que #Macron évoque un argument racial digne des "Indigènes de la République", en délégitimant toute solution pour les banlieues qui émanerait de "mâles blancs". C’est la consécration du communautarisme au sommet de l’Etat. #LaFranceUneChance MLP
— Marine Le Pen (@MLP_officiel) 22 mai 2018
L'ex-ministre Jean-Louis Borloo s'est lui dit très satisfait des annonces d'Emmanuel Macron, estimant que "tous les sujets du rapport ont été cochés".
Emmanuel Macron a annoncé plusieurs mesures à l’instar des 30.000 stages pour les collégiens de troisième proposés par les entreprises et l’État, ou encore des "testing" anti-discrimination dans les 120 plus grandes entreprises mais il a également longuement insisté sur la "philosophie" de son action.
"Nous nous devons ensemble de veiller à construire une politique d’émancipation […] que chacun puisse aller vers ce à quoi il aspire, et qu’il n’y ait plus cette assignation à résidence sociale ou territoriale qui fait que quand on est né à un endroit, ou quand on a eu un accident de la vie a un endroit, et bien on ne peut plus s’en sortir ", a-t-il défendu.
"Ces propos sont extrêmement choquants", a renchéri dans un communiqué le patron des sénateurs LR Bruno Retailleau, avant d'ajouter : "de ces propos ressort la vision communautariste de la société du président de la République".