SNCF : Calendrier de la grève du 3 avril au 28 juin 2018
La longue grève débute lundi à 19 h à la SNCF contre la réforme du groupe public voulue par le gouvernement
Les cheminots appellent à une grève au rythme de deux jours sur cinq, du 3 avril au 28 juin, soit 36 jours de grève en trois mois.
Elisabeth Borne, la ministre des Transports, a présenté mercredi 21 mars en conseil des ministres le projet de loi de réforme de la SNCF, dont la fin du statut des cheminots est un des points sensibles. Avec ce texte, qui prévoit de recourir aux ordonnances, le gouvernement souhaite "modifier les missions, l'organisation, la gouvernance, et la forme juridique" de la société de chemin de fer.
Au-delà de la fin du statut des cheminots, la réforme prévoit de transformer la SNCF en société anonyme.
"L'intersyndicale constate que le gouvernement n'a aucune volonté réelle de négocier" et "porte la responsabilité (d'un) conflit intensif sur une très longue durée", a déclaré Laurent Brun, secrétaire national de la CGT Cheminots, principal syndicat de la SNCF, après plus de deux heures de réunion avec les trois autres syndicats représentatifs du groupe, l'Unsa, SUD-Rail et la CFDT Cheminots.
C'est "une mobilisation innovante", a souligné Didier Aubert (CFDT Cheminots), puisque la grève doit courir du 3 avril au 28 juin, c'est-à-dire comprendre les vacances de printemps et les différents ponts du mois de mai. En tout, la grève s'étalera sur 36 jours.
Dès mercredi 21 mars, Roger Dillenseger, secrétaire général de l'Unsa (2ème syndicat du groupe) avait sonné l'alarme. "On va vers un bras de fer, c'est clair", avait-il prévenu. Le projet de loi sur les ordonnances "montre l'approche contradictoire" du gouvernement "entre une volonté d'échanges affichée et la réalité du texte", avait-il dit.
Le projet de loi "montre bien qu'on n'est pas dans une concertation (…) Le gouvernement veut passer en force, sans écouter les organisations syndicales", avait dénoncé Erik Meyer, porte-parole de SUD Rail (3ème syndicat).
Le PDG de la SNCF Guillaume Pepy a jugé jeudi 22 mars que l'appel à la grève lancé par l'intersyndicale de la SNCF pour protester contre la réforme de l'entreprise était "un peu décalée par rapport à la concertation qui est engagée". "C'est d'abord une mauvaise nouvelle, une mauvaise chose pour les 4 millions et demi de Français qui prennent le train tous les jours", a-t-il ajouté à TF1, en s'engageant à publier chaque jour à 17 heures la liste des trains qui circuleront le lendemain.
Il a également promis de mettre en place des solutions d'acheminement des voyageurs en s'appuyant sur le co-voiturage, en mobilisant des bus, des cars, des VTC. "On sera complètement mobilisés", a-t-il assuré en appelant à une poursuite des discussions entre gouvernement et syndicats car selon lui, "il y a énormément de grain à moudre" pour trouver une solution.
La ministre des Transports Elisabeth Borne a déploré jeudi 22 mars une "posture incompréhensible" après l'annonce de la grève décidée par l'intersyndicale de la SNCF pour protester contre la réforme de l'entreprise. "Je ne peux que déplorer cette décision qui manifestement vise à pénaliser les usagers", a-t-elle déclaré à BFMTV. "Cette posture est incompréhensible" et "ma posture à moi, c'est la concertation, la négociation", a-t-elle ajouté.
Par ailleurs, la direction de la SNCF a proposé à des cadres une prime pour les inciter à conduire des trains pendant la grève, a indiqué à l’AFP Erik Meyer (SUD-Rail). "Depuis la semaine dernière", la direction "propose une prime de conducteur occasionnel" à des " cadres opérationnels qui ne la touchaient pas jusqu’à présent", explique Erik Meyer.
Cette prime mensuelle d’un montant de "150 euros" était jusqu’alors versée à des "cadres de direction issus de la conduite" amenés à conduire un train de temps en temps, "une fois par trimestre", a expliqué Erik Meyer. La direction "a commencé à étendre ce dispositif" aux "cadres traction, les chefs d’équipe" des agents de la conduite, leur proposant cette prime "de manière pérenne", a-t-il précisé.
Il s’agit d'"une prime qui existait déjà" et qu’on rendrait "plus incitative", a aussi indiqué à l’AFP Bernard Aubin, du syndicat FiRST (non-représentatif). Il dénonce des "pressions exercées sur l’encadrement pour remplacer les grévistes". C’est "la politique de la carotte et du bâton" pour "réduire au maximum les impacts de la grève", a-t-il ajouté.
La direction de la SNCF a confirmé à l’AFP l’existence de "cette prime forfaitaire de 150 euros", qui "a pris effet au 1er janvier 2018", et dénoncé "un faux procès".
La prime "va être versée aux chefs conducteurs qui ont quitté la direction de la traction (…) mais qui continuent à entretenir leurs compétences" afin de pouvoir "remplacer des conducteurs au pied levé, quelle que soit la cause du remplacement", a expliqué un porte-parole de la SNCF.
Ils toucheront désormais cette prime "tous les mois, indépendamment du nombre de jours de conduite effectués" et cela "va aider à assurer la continuité du service public pendant la grève".
Le premier ministre Édouard Philippe avait déjà écarté toute privatisation de la SNCF.
Invité de l'émission de l'Internaute et l'Obs "Restons poli(tique)s", Alexis Corbière a affirmé qu''il n'y croyait pas l'affirmation du premier ministre :
"A terme ça passera par une privatisation, j'en suis persuadé. Ça a été le même raisonnement pour d'autres grandes entreprises qui, à la fin, ont été privatisées", a assuré ce jeudi le député de La France insoumise.
"La création de cette société anonyme, selon moi, permettra d'aller vers la privatisation. Dans une société anonyme, pour qu'elle le reste, la participation de l'État peut descendre jusqu'à 15%. Transformer la SNCF en société anonyme ouvre la possibilité demain, pas là dans la chaleur du combat, mais pour un autre gouvernement, de dire : la part de l'État ne sera plus à 100%." Dès lors, le bras droit de Jean-Luc Mélenchon appelle à soutenir le combat des cheminots.