Samia Ghali sur Tariq Ramadan : C'est le musulman et non l'homme qui est jugé

Publié le 9 Février 2018

 

Invitée mardi 6 février sur CNews, la sénatrice PS des Bouches-du-Rhône Samia Ghali n'a pas hésité à insinuer que dans l'affaire Tariq Ramadan, mis en examen et écroué pour viols, c'est "le musulman" et non "l'homme" qui est jugé par la justice française.

 

Tariq Ramadan a été mis en examen le 2 février pour viol et viol sur personne vulnérable, l'islamologue suisse de 55 ans avait été immédiatement incarcéré dans l'attente d'un débat sur son mandat de dépôt, le temps de préparer sa défense. Mardi 6 février, un juge des libertés et de la détention (JLD) a finalement ordonné son placement en détention provisoire, conformément aux réquisitions du parquet de Paris.

Il est incarcéré vendredi 2 février dans la prison de Fleury-Mérogis dans l'Essonne. Il conteste toute relation sexuelle avec les deux femmes ayant porté plainte en octobre contre lui pour des faits de viols qui auraient eu lieu en 2009 et 2012, dont la militante féministe et ex-salafiste Henda Ayari.

Les faits dénoncés se seraient déroulés dans des hôtels, en marge des conférences à succès données en France par l'intellectuel, dont la mise en cause a ébranlé la communauté musulmane en France.

Les avocats de Tariq Ramadan, mis en examen pour viols, réclament la saisine de l'Inspection générale de la justice (IGJ) en estimant que l'enquête préliminaire a été émaillée de problèmes de procédure ayant porté préjudice à leur client. Ils s'appuient notamment sur un billet d'avion qui pourrait mettre à mal le témoignage d'une des deux victimes présumées.

Dans une lettre adressée à la ministre de la Justice Nicole Belloubet et dont l'AFP a eu connaissance, les conseils de Tariq Ramadan s'appuient sur deux éléments pour justifier leur demande

- Une note transmise au parquet de Paris le 6 décembre et qui fait état de l'agenda de Tariq Ramadan le 9 octobre 2009, date à laquelle "Christelle", une des deux femmes ayant déposé une plainte contre lui, l'accuse de l'avoir violée dans un hôtel à Lyon.

"Cette note démontre qu'il est impossible que les faits dénoncés par la plaignante aient été commis, comme elle le prétend, le 9 octobre 2009 dans l'après-midi à l'hôtel Hilton de Lyon puisque Monsieur Ramadan est arrivé à l'aéroport de Lyon Saint-Exupéry le 9 octobre 2009 à 18H35", écrivent les avocats dans ce courrier, dont l'existence a été révélée par Le Parisien.

- Autre point de la procédure que les avocats contestent : le fait que les enquêteurs, disent-ils, n'aient pas cherché à identifier le juge cité par l'essayiste Caroline Fourest, opposante de longue date de Tariq Ramadan, qu'elle dit avoir mis en contact avec "Christelle" en novembre 2009. Soupçonnant ce magistrat d'être en poste au palais de justice de Paris, ils s'inquiètent "qu'il travaille sur le dossier de Monsieur Ramadan, qu'il soit amené à le faire ou a minima qu'il soit en contact avec des magistrats travaillant sur ce dossier".

Confronté à l'une de ses accusatrices, Tariq Ramadan avait été mis en difficulté par une cicatrice située sur l'aine, que la plaignante avait décrite et que l'islamologue avait reconnue posséder.

- Christelle raconte comment il lui a monté le "bobard du siècle" pour l'approcher. Et comment, elle - qui se sentait au plus mal après notamment un accident qui l'oblige depuis à marcher avec une canne - a pu "tomber dans ce truc énorme".

Une histoire qui l'a conduite, selon ses dires, dans la chambre d'hôtel de Tariq Ramadan le jour de leur première rencontre en octobre 2009 à Lyon. Là, elle raconte avoir vécu une scène très violente : coups au visage et au corps, sodomie forcée, viol avec un objet, humiliations diverses, avant de se faire traîner par les cheveux vers la baignoire où elle se fait uriner dessus.

- Henda Ayari raconte au Parisien "Je vivais une séparation très difficile avec mon mari. J’avais perdu la garde de mes enfants, j’étais seule, sans logement, sans travail". Elle se tourne alors vers les écrits de Tariq Ramadan. "Il m’a apporté les réponses que je cherchais." poursuit-elle.

L'islamologue la séduit jusqu'à l'attirer dans sa chambre d'hôtel "fin mars 2012". Henda Ayari accuse ensuite Tariq Ramadan de l'avoir "étranglée très fort" puis "giflée" avant de la violer. Elle souhaite porter plainte mais il l'en dissuade.

Henda Ayari est la première femme à avoir porté plainte contre Tariq Ramadan. Elle témoigne : "pour Tariq Ramadan, soit tu es voilée, soit tu es violée"

Rédigé par Pierre HAMMADI

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