Les éboueurs en grève à Marseille : Les ordures s'entassent dans les rues
Des tonnes d’ordures au coin des rues, un maire qui en appelle au préfet et des citoyens exaspérés. Marseille entre ce mardi 17 octobre dans son sixième jour de conflit. En cause ? Environ 200 salariés qui bloquent l’accès aux centres de transfert des déchets.
Les grévistes espèrent en effet faire fléchir leur employeur, l’entreprise de nettoiement Derichebourg. Leur revendication est le maintien d’une prime, diminuée selon eux quand la société est devenue le nouveau prestataire du ramassage d'ordures des 2e, 15e et 16e arrondissements.
"On veut être payés comme on était payés avant. On a reçu que la moitié des primes", a fait valoir l'un des grévistes, Tahar Ghali, du syndicat FO.
Lors d’un communiqué l'entreprise déplore "des tentatives de dialogue" qui restent "sans effet". Et ce, en raison des revendications qui "évoluent au fil des négociations" et l'intervention "de représentants syndicaux extérieurs à l'entreprise, salariés de sociétés concurrentes" qui "empêchent le dialogue, surenchérissent en permanence et s'expriment dans la presse en alimentant le conflit par de fausses informations".
Derichebourg rajoute "depuis la reprise des contrats par le groupe, la direction a constaté que le temps de travail des personnels transférés des sociétés précédemment délégataires des contrats dépasse rarement 4 heures par jour pour un salaire moyen mensuel allant de 2.250 euros brut pour un équipier de collecte à 2.530 euros brut pour un chauffeur".
"Certains salariés quittent leur poste à minuit alors même qu’ils sont payés jusqu’à 4h00 du matin, obligeant, de ce fait, à engager quotidiennement des moyens supplémentaires de rattrapage" a-t-elle conclu.
Un rapport de la Chambre régionale des comptes publié en 2007 avait quantifié à 3h30 le temps de travail effectif des agents de collecte des ordures ménagères qui travaillaient pour l'agglomération marseillaise. Ce rapport avait conduit à la négociation d'un nouveau système de collecte prévoyant théoriquement la fin du "fini-parti", pratique permettant aux agents de quitter leur poste une fois leur travail terminé.
La grève ne concerne au départ que les 15e, 16e et 2e arrondissements, mais les salariés bloquent l'accès aux centres de transfert des déchets vers l'usine de valorisation, entraînant la paralysie de la collecte des déchets dans tout Marseille, dont les conteneurs débordent très largement depuis quelques jours.
La métropole Aix-Marseille-Provence (AMP), en charge de la collecte des déchets à Marseille, avait saisi la justice en référé pour obtenir l'intervention des forces de l'ordre et le déblocage des sites. Dans la nuit et mardi matin, elle avait réussi à faire tourner quelques bennes, pour dégager en priorité les abords des hôpitaux et des écoles.
Tahar Ghali a dénoncé les conditions dans lesquelles s'était fait l'accès aux centres de tri "vers 23H00, des vigiles de la société ont forcé le barrage des grévistes et ont blessé deux personnes".
Faux, a répliqué Derichebourg : "À plusieurs reprises les bennes ont été empêchées de circuler et la police est intervenue", a affirmé pour sa part le directeur général du nettoiement, Emmanuel Brun. Des déclarations contredites par la direction départementale de la police nationale, qui a indiqué ne pas être intervenue, ni avoir été saisie de demandes d'escortes.
Dans la mi journée, les salariés de l'entreprise ont annoncé la levée du blocage sur plusieurs sites. "On a débloqué tous les sites [de transfert], on a fait un effort. Maintenant, la balle est dans le camp de Derichebourg", a indiqué Tahar Ghali, représentant du personnel et gréviste, ajoutant "Nous ne bloquons plus que notre centre " dans le 15e arrondissement.