Vidéo : des images choc de poules élevées en batterie
Après les abattoirs, l'association L214 dénonce cette fois-ci les conditions d'élevage "alarmantes" de poules pondeuses dans l'Ain. Tournées, selon L214, en avril dans le Gaec du Perrat à Chaleins, les images montrent des poules déplumées, une prolifération de poux, d'asticots, des cadavres de poules en état de décomposition avancée gisant dans des cages, des accumulations de fiente.
"S'il le faut, je fermerai cet élevage", a réagi mercredi le ministre de l'Agriculture Stéphane Le Foll sur France Info, qualifiant la situation de "lamentable" et d'insupportable". Sa collègue de l'Environnement Ségolène Royal l'a jugée "intolérable "sur Twitter et a demandé une inspection et une décision "dans la journée" au préfet de l'Ain.
L'association L214, avait déjà dénoncé en 2013 "l'état dramatique de cet élevage". l'époque, la justice lui avait interdit de diffuser des images. "La situation dans cet élevage perdure, il y a eu des arrêtés préfectoraux mais ça ne va pas plus loin. Donc on porte plainte pour maltraitance sur animaux, on demande au préfet la fermeture, aux enseignes qui vendent leurs œufs d'arrêter et aux consommateurs de réfléchir à leur consommation", explique Brigitte Gothière, cofondatrice de l'association qui milite pour un monde sans consommation de viande et s'en prend plus largement aux élevages de poules en batterie.
Selon l'association, l'élevage livre notamment des oeufs sous marque Matines (propriété du groupe Avril que co-dirige Xavier Beulin, président de la FNSEA), leader en France, et distribués par les supermarchés Auchan, Carrefour, Casino, Intermarché et Super U.
Proche de Villefranche-sur-Saône, le Gaec du Perrat fait de l'élevage industriel de porcs et de volailles. Sur son site internet, il indique "accueillir 200.000 poules pondeuses" et disposer de "150.000 places" pour les poulettes. Il assure que l'élevage industriel en cage (signalé par le code 3 sur les oeufs, contre 1 pour le plein air), "dénigré à l'heure actuelle", est "pourtant l'un des seuls pouvant garantir une réelle fraicheur des œufs" et "bénéficie d'une sécurité bactériologique parfaite".
Il s'agit du plus gros élevage de poules dans un département essentiellement producteur de volailles haut de gamme, les poulets de Bresse.
La préfecture de l'Ain a déjà pris plusieurs arrêtés sur ce Gaec. Dans l'un d'eux, daté du 6 janvier 2016, elle indiquait qu'une inspection en août 2015 avait constaté "la présence importante de mouches dans le hangar petites poulettes et de larves dans le hangar pondeuses" et avait relevé des "accumulations de fiente". Le texte évoquait aussi plusieurs courriers d'une mairie proche se plaignant de la prolifération de mouches dans le voisinage.
La direction départementale de la protection des populations de l'Ain a assuré suivre la situation de près et multiplier les inspections. L'élevage a notamment été mis en demeure sur l'aspect sanitaire et son activité a été brièvement suspendue fin mars. La dernière inspection, en date du 18 mai, va entraîner de nouvelles demandes de mise en conformité, sans pour autant entraîner de nouvelle fermeture, assure Laurent Bazin, directeur de la DDPP.