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Assemblée nationale : Accusé de harcèlement, le député écologiste Denis Baupin démissionne de la vice-présidence

Publié le par Pierre HAMMADI

Alors que Denis Baupin a quitté Europe-Ecologie-Les Verts mi-avril, des membres et militantes de son ancien parti témoignent sur France Inter et sur le site Mediapart, ce lundi, pour évoquer des gestes très déplacés de sa part et une attitude pouvant s'apparenter à du harcèlement sexuel.

Aucune plainte n'a été déposée contre le député de Paris, vice-président de l'Assemblée nationale, mais les deux médias évoquent "8 cas découverts".

Des témoignages forts qui ont incité le président de l'Assemblée nationale Claude Bartolone à demander quelques heures plus tard la démission de Denis Baupin de la vice-présidence. Une démission qui celui-ci a remise pour "pouvoir assurer sa défense", a expliqué son avocat. 

Maître Emmanuel Pierrat affirme également que le député "conteste fondamentalement l'idée de harcèlement sexuel et plus encore d'agression sexuelle, lesquels lui sont totalement étrangers" et "envisage ainsi de saisir les juridictions compétentes afin de faire valoir ses droits contre toute atteinte qui serait constatée". 

Sandrine Rousseau, actuelle porte-parole d'EELV et ancienne conseillère régionale du Nord-Pas-de-Calais, rapporte qu'en 2011, lors d'une réunion interne, Denis Baupin "l'a plaquée contre le mur" et a essayé notamment de l'embrasser. Lorsqu'elle est allée rapporter cet incident à un membre de la direction, celui-ci lui aurait répondu : "Ah, il a recommencé...".

Une autre écologiste, Elen Debost adjointe au maire du Mans, évoque une centaine de SMS graveleux que lui aurait envoyés Denis Baupin. Une collaboratrice de l'Assemblée qui tient à rester anonyme évoque, elle, un pinçage de fesse dans un ascenseur du Palais-Bourbon. La députée du Calvados Isabelle Attard, qui a quitté EELV il y a plus de deux ans, rapporte aussi des dizaines de SMS reçus.

"Je savais que nous étions plusieurs députées et une collaboratrice à en recevoir. Beaucoup se sont tus pour ne pas blesser sa compagne", justifie Elen Debost sur France Inter en allusion à Emmanuelle Cosse, qui a été à la tête du parti avant de le quitter pour devenir ministre en février.

La plupart des faits sont aujourd'hui prescrits au pénal. Pour  justifier de ne pas avoir témoigné plus tôt, ces écologistes parlent notamment de la peur de nuire "aux intérêts du parti", ou encore, comme Elen Debost, de culpabilité et d'isolement. "Je ne suis pas fière de ne pas avoir porté plainte", explique-t-elle aujourd'hui. 

Le point déclencheur de ces témoignages, selon Mediapart et France Inter : une photo publiée le 8 mars dernier, à l'occasion de la journée internationale des droits des femmes. Sur son compte Twitter, Denis Baupin a posté une photo de lui et de plusieurs élus, avec du rouge à lèvres contre les violences faites aux femmes. Un cliché qui a dérangé Sandrine Rousseau : "J'ai vu non pas quelqu'un qui défendait les droits des femmes mais quelqu'un qui avait tenté d'embrasser une femme de force".

En interne, la présidente de la commission féminisme d'EELV, Dominique Trichet-Allaire, avait également recueilli des témoignages, concernant notamment Denis Baupin. "On m'avait fait part de harcèlement sexuel, d'attouchements sexuels, sur des personnes auprès de qui il avait de l'autorité", explique-t-elle à Mediapart. 
Cécile Duflot, l'ancienne secrétaire nationale du parti, était aussi au courant. "Mais souvent indirectement" et "longtemps après". Pourquoi ne pas avoir réagi? Il est "difficile d'agir sans savoir précisément. Rien n'était avéré", se défend-elle auprès du site d'informations. "Les langues ne se délient pas facilement sur ces sujets. Il y avait une zone de flou sur ces comportements".

Pour la plupart des femmes qui ont témoigné, les faits sont aujourd'hui prescrits. En effet, le harcèlement et les agressions sexuels (hors viol) sont des délits dont le délai de prescription est, sauf exceptions, de trois ans.
 
Une enquête peut-elle néanmoins être ouverte? "Si la prescription est avérée, elle est acquise pour tout le monde", répond Anaïs Vrain, secrétaire nationale du Syndicat de la magistrature. "De fait, le parquet ne peut pas lancer d'enquête". 
En revanche, "il n'est pas rare que ce genre de témoignages libèrent la parole et poussent d'autres à parler et à déposer plainte". Dans ce cas, le parquet peut engager des poursuites et les victimes présumés dont les faits ont été prescrits peuvent éventuellement se constituer partie civile.

Ce lundi matin, après ces révélations, plusieurs personnalités politiques, dont Valérie Pécresse ou Bruno Le Roux, ont affirmé être choquées et ont appelé Denis Baupin à s'exprimer.

 

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