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Soudan du Sud : Les milices sont autorisés à violer les femmes

Publié le par Pierre HAMMADI

Viols, exécutions, destructions systématiques: la situation des droits de l'Homme au Soudan du Sud, qui a sombré dans une guerre civile dévastatrice, est "parmi les plus horribles" dans le monde, s'est indigné vendredi l'ONU dans un rapport qui couvre la période d'octobre 2015 à janvier 2016.

Le haut-commissaire de l'ONU aux droits de l'Homme, Zeid Ra'ad Al Hussein, mentionne notamment "une utilisation massive du viol comme instrument de terreur et comme arme de guerre".

"L'échelle et le type de violences sexuelles - qui sont principalement le fait des forces gouvernementales SPLA (Armée populaire de libération du Soudan, ndlr) et milices qui leur sont affiliées - sont décrits avec force détails épouvantables, tout comme l'attitude - presque désinvolte mais calculée - de ceux qui ont massacré les civils et détruit des biens et des moyens de subsistance", ajoute le haut-commissaire.

Pour l'ONU, "les acteurs étatiques portent la plus grande responsabilité des violences pour l'année 2015, étant donné l'affaiblissement des forces d'opposition". Le rapport fustige notamment "la politique de la terre brûlée menée par le gouvernement" et assure que "selon des sources crédibles, des groupes alliés au gouvernement sont autorisés à violer les femmes en guise de salaire", au nom du principe "faites ce que vous pouvez et prenez ce que vous voulez".

Le Soudan du Sud, indépendant du Soudan depuis juillet 2011 après des décennies de conflit avec Khartoum, a sombré dans la guerre civile en décembre 2013 lorsque le président Salva Kiir a accusé son ancien vice-président Riek Machar de fomenter un coup d'État. Plus de 2,3 millions de personnes ont été chassées de chez elles et des dizaines de milliers tuées par la guerre et les atrocités dont les deux camps se sont rendu coupables.

Un accord de paix, signé en août 2015, n'a pas empêché la poursuite des combats entre l'armée régulière et différents groupes rebelles. Le rapport contient des témoignages sur des civils soupçonnés de soutenir l'opposition, y compris des enfants et des personnes handicapées, qui ont été assassinés, brûlés vifs, asphyxiés dans des conteneurs, tués par balle, pendus à des arbres ou découpés en morceaux.

D'après les Nations unies, "l'immense majorité des victimes civiles ne semblent pas résulter d'opérations de combat mais d'attaques délibérées contre des civils". Le Haut-Commissariat demande l'établissement - comme le prévoit l'accord de paix signé en août 2015 - de la "Cour hybride", chargée d'enquêter et de juger les responsables des exactions depuis le début de la guerre civile.

Dans un autre rapport également publié ce vendredi, Amnesty International a dénoncé comme crime de guerre une exaction commise en octobre 2015 dans l'enceinte d'une église catholique à Leer (nord), quand des soldats gouvernementaux sud-soudanais ont tué plus de 60 hommes et enfants en les laissant suffoquer dans un conteneur de marchandises placé en plein soleil.

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