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Remaniement : Hollande, Monsieur bricolage

Publié le par Pierre HAMMADI

Il y a trois mois, au lendemain des attentats, François Hollande campait en père de la nation et revêtait enfin l'habit présidentiel. Jeudi, on a retrouvé le premier secrétaire du PS, roi de la synthèse.

Pour son dernier grand remaniement avant la présidentielle, Hollande a ressorti sa fameuse "boîte à outils". Un Premier ministre sur le retour, un baron local, des femmes prétextes et des écolos qui ne représentent plus qu'eux-mêmes : quel bricolage ! "Ce gouvernement, c'est une petite épicerie corrézienne où on trouve un peu de tout", tacle un socialiste, déçu et inquiet.

Un zeste de gauche sociale - Ayrault préconisait naguère le "grand soir fiscal", une dose d'écologie, une pincée de radicaux de gauche, un solide fond de sauce social-libérale avec le maintien de Manuel Valls et Emmanuel Macron : la recette peut certes donner l'illusion d'une majorité élargie.

"Ce gouvernement est cohérent, il a une ligne", assurait le président hier à la télévision, comme pour mieux s'en convaincre. Car dans la réalité, il n'est pas garanti que l'attelage tienne jusqu'à la présidentielle. Voilà réunis des gens qui adorent se détester. Comment les Verts vont-ils cohabiter avec un Valls et un Macron.

Les Conseils des ministres, avec un Valls et un Ayrault qui se haïssent, l'un ayant oeuvré à la chute de l'autre, promettent de belles images. Plus embêtant, les stars de la gauche, Aubry, Montebourg et Taubira, sont dehors, pas dedans.

On est loin du coup de maître du président, quand il avait promu une "génération Hollande" avec la jeune garde des Macron, Vallaud-Belkacem, Pellerin et El Khomri, tous trentenaires ou jeunes quadras.

Les petites nouvelles sont cantonnées à des postes subalternes, sinon folkloriques, comme l'obscur secrétariat d'Etat à l'Egalité réelle. "Leur vrai job, ce sera d'aller répéter Vive Hollande sur les chaînes infos", glisse, cruel, un frondeur du PS.

En composant ainsi un gouvernement à sa main, Hollande ne fait qu'appliquer le bon vieux précepte mitterrandien : rassembler son camp afin de bétonner le premier tour de la présidentielle, dans un peu plus d'un an. Il a beau jurer ne faire aucun "calcul politique", nier tout "marchandage" avec les Verts et critiquer des médias "obsédés" par la présidentielle, son objectif est bien de limiter le nombre de candidatures à gauche. Et de s'épargner le risque d'une primaire. Laquelle a vraiment du plomb dans l'aile, avec une famille écolo dynamitée et un Mélenchon qui vient de se lancer sous ses propres couleurs pour la course à l'Elysée.

Dans la majorité, certains évoquent déjà un "comité de campagne" pour 2017.

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