Dix ans après, Bagneux rend hommage à Ilan Halimi - Ne jamais oublier...
Dix ans, jour pour jour, après la mort d’Ilan Halimi, Bagneux a rendu hommage ce samedi soir à la mémoire de ce jeune de 24 ans, qui avait été séquestré et torturé dans une cité de la ville par le " gang des barbares " au seul motif qu’il était juif.
Le 13 février 2006, Ilan Halimi est retrouvé nu, bâillonné et menotté le long d’une voie ferrée de la banlieue parisienne. Vivant. Ou plutôt agonisant. Il mourra dans l’ambulance qui l’emmène vers l’hôpital.
Cheveux tondus, traces de brûlures, plaies par arme blanche… son corps témoigne des sévices qu’il a subis pendant près de trois semaines dans la cave d’une barre HLM de la cité de Pierre-Plate où il a été séquestré par ceux qui seront surnommés le " gang des barbares " au cours de leur procès. Vingt-sept personnes seront poursuivies.
A leur tête : Youssouf Fofana, le " cerveau " de la bande. C’est lui qui recrute les " geôliers " et " l’appât ". Lui aussi qui cible Ilan Halimi, qu’il choisit parce qu’il est " juif donc riche ", selon ses préjugés antisémites, espérant extorquer une rançon à sa famille. Condamné en 2009 à la perpétuité avec vingt-deux ans de sûreté, Fofana a ajouté trois ans à sa peine en 2014, pour avoir agressé des surveillants de la prison de Condé-sur-Sarthe.
Emma, elle, a été condamnée à neuf ans de prison. Elle est celle qui, le 21 janvier 2006, a attiré sa victime dans la cave qui lui servira de geôle et de lieu de torture. En janvier 2012, elle a retrouvé la liberté après six années passées en prison. Elle n’avait alors que 23 ans. Le même âge qu’Ilan Halimi, lorsqu’elle l’a guidé à sa mort.
Une cérémonie forte et émouvante à la Maison de la musique et de la danse, au son des violons et du piano des musiciens du Conservatoire, ponctuée de lectures de textes et de poèmes par des élèves de la ville.
La maire (PCF) de Bagneux, Marie-Hélène Amiable, a rappelé le choc ressenti il y a dix ans en apprenant l’horreur, et " le combat sans relâche mené contre le racisme, l’antisémitisme et toutes les formes de discriminations ", combat qui sera bientôt perpétué avec l’aménagement d’un Jardin Ilan Halimi dans la ville : " Ce sera notre façon de ne jamais oublier ".
Des musiciens ont joué Vivaldi et Rachmaninov lors de cette cérémonie rythmée par des textes de Paul Eluard, Andrée Chedid - "L'espérance" - et Martin Luther King: "Aujourd'hui, dans la nuit du monde (...) j'affirme avec audace ma foi dans l'avenir de l'humanité". Un hommage est encore prévu dimanche à Paris, devant la boutique de téléphonie du XIe arrondissement où travaillait le jeune homme. Le corps d'Ilan Halimi est inhumé à Jérusalem.
Devant plus de 200 personnes, habitants, élus locaux, représentants des communautés religieuses et d’associations, Joël Mergui, le président du Consistoire central israélite de France, a insisté : " Il ne faut pas qu’Ilan soit mort pour rien ", appelant à " dénoncer le mal ". " Ce crime aurait dû nous réveiller ", a lancé Bernard Cazeneuve, le ministre de l’Intérieur, pour qui la mort du jeune juif annonçait " d’autres actes abjects ".
Evoquant les attentats survenus depuis et " la menace sur notre pays ", le ministre a rappelé la mobilisation de l’Etat pour " ne laisser aucune place à la haine et à l’intolérance ". A l’issue de la cérémonie, tous sont allés poursuivre l’hommage en déposant une rose blanche devant la stèle à la mémoire d’Ilan Halimi, dans le parc Richelieu.
Bagneux : dix ans après, l'hommage à Ilan Halimi
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