Abattoir bio du Vigan : Une vidéo choc de l'association L2014
Aucun label ne préserve les animaux de la souffrance, la mort bio n’existe pas. C’est ce que prouve la vidéo diffusée ce mardi par l’association L214, 4 mois après avoir révélé le scandale de l’abattoir d’Alès. Réalisées entre juin 2015 et février 2016 dans le Gard, au sein de l’abattoir intercommunal du Vigan certifié bio par Ecocert, les images dévoilent une fois de plus l’insoutenable vérité. En prime : le sadisme de certains membres du personnel.
Pendant un peu plus de 4 minutes, les images sont insoutenables. On y voit, par exemple, un employé de cet abattoir intercommunal jeter violemment les moutons d'un box à l'autre où encore un cochon qui devrait être étourdi par un coup de pince électrique sur le front, mais qui finit lentement brûlé, car l’outil est défectueux. Des bovins et des porcs, théoriquement égorgés après avoir été étourdis, sont saignés alors qu'ils bougent encore. Un employé semble s'amuser à donner des coups de matraque électrique brefs et répétés pour tester la réaction des bêtes.
Pour faire marrer son collègue, un type chargé d’étourdir les animaux s’amuse à rater la manœuvre. L’homme place la pince électrique à plusieurs reprises contre la tête du mouton, en tabasse un autre, mime leurs souffrances. Éclats de rire abjectes.
Plus loin, c’est au tour des cochons de subir les sévices. Coups d’aiguillon électrique sur la tête, application du courrant durant plus de 20 secondes, il faut s’y reprendre à plusieurs fois. En vain. Les cochons aux tempes fumantes sont saignés encore conscients. Matériel défaillant aussi pour les bovins.
Piégés dans un box, ils doivent recevoir le coup de tige perforante censé les étourdir. Problème : le box n’est pas adapté à leurs cornes. Les animaux reculent, l’étourdissement devient hasardeux. Suspendus à la chaîne d’abatage, les bovins reprennent conscience. À aucun moment, le personnel de l’abattoir réalise l’étourdissement de secours.
Interrogé par BFMTV, le responsable de l'abattoir, Laurent Kauffman s'est "particulièrement choqué" par ces images. "On voit des actes inadmissibles, scandaleux et ce n'est pas possible", a-t-il réagi. "Je n'ai jamais vu ça, je ne suis pas tout le temps sur le site, loin de là. Mais je n'ai jamais vu ça et je suis déçu", a-t-il poursuivi.
Durant les mois de tournage de cette enquête, "aucun vétérinaire officiel n’intervient pour exiger des mesures correctives ", note L214. La réglementation européenne (854/2004 CE) exige pourtant la présence d’un vétérinaire chaque jour d’abattage afin de procéder à des inspections et garantir le respect des normes de protection animale.
Le procureur de la République d'Alès a annoncé l'ouverture d'une enquête préliminaire dans la matinée. Elle sera menée par la brigade nationale d'enquêtes vétérinaires et phytosanitaires, en co-saisine avec la brigade des recherches de la gendarmerie du Vigan. L'association L214 avait porté plainte contre l'abattoir auprès du parquet d'Alès et lancé une pétition demandant la création d'une commission d'enquête sur les abattoirs.
Stéphane Le Foll, ministre de l'Agriculture a expliqué avoir "diligenté une enquête de nos services vétérinaires au niveau national qui se rendront sur place", a-t-il expliqué au micro de RTL.
L'abattoir du Vigan traite 240 tonnes de viande par an et dessert une zone de 100 km autour du Vigan. "C'est d'autant plus révoltant que c'est un abattoir qui approvisionne un marché local. On y voit des scènes qui vont au-delà de ce qu'on voyait à Alès, des scènes de violence gratuite" décrit Sébastien Arsac, porte-parole de L214.