Publié le 14 Janvier 2019

Grand débat national : Les 34 questions que pose le président de la République dans sa lettre aux Français

Près de deux mois après le début du mouvement de contestation sociale des "gilets jaunes", la "lettre aux Français" d’Emmanuel Macron, rendue publique par l’Élysée dimanche 13 janvier, a pour but de cadrer les enjeux du "grand débat national", voulu par le président de la République, qui doit s’ouvrir mardi 15 janvier.

 

Les 34 questions que pose Emmanuel Macron dans sa lettre aux Français :

Impôts:

1- Comment pourrait-on rendre notre fiscalité plus juste et plus efficace ?

2- Quels impôts faut-il à vos yeux baisser en priorité ?

Baisses d’impôt / dépense publique:

3- Quelles sont les économies qui vous semblent prioritaires à faire ?

4- Faut-il supprimer certains services publics qui seraient dépassés ou trop chers par rapport à leur utilité ?

5- À l’inverse, voyez-vous des besoins nouveaux de services publics et comment les financer ?

Modèle social:

6- Comment mieux organiser notre pacte social ?

7- Quels objectifs définir en priorité ?

Organisation de l’État, des collectivités publiques (services publics):

8- Y a-t-il trop d’échelons administratifs ou de niveaux de collectivités locales ?

9- Faut-il renforcer la décentralisation et donner plus de pouvoir de décision et d’action au plus près des citoyens ?

10- À quels niveaux et pour quels services ?

11- Comment voudriez-vous que l’État soit organisé et comment peut-il améliorer son action ?

12- Faut-il revoir le fonctionnement de l’administration et comment ?

13- Comment l’État et les collectivités locales peuvent-ils s’améliorer pour mieux répondre aux défis de nos territoires les plus en difficulté et que proposez-vous ?

La transition écologique:

14- Comment finance-t-on la transition écologique : par l’impôt, par les taxes et qui doit être concerné en priorité ?

15- Comment rend-on les solutions concrètes accessibles à tous, par exemple pour remplacer sa vieille chaudière ou sa vieille voiture ?

16- Quelles sont les solutions les plus simples et les plus supportables sur un plan financier ?

17- Quelles sont les solutions pour se déplacer, se loger, se chauffer, se nourrir qui doivent être conçues plutôt au niveau local que national ?

18- Quelles propositions concrètes feriez-vous pour accélérer notre transition environnementale ?

Biodiversité:

19- Comment devons-nous garantir scientifiquement les choix que nous devons faire à cet égard ?

20- Comment faire partager ces choix à l’échelon européen et international pour que nos agriculteurs et nos industriels ne soient pas pénalisés par rapport à leurs concurrents étrangers ?

Démocratie et citoyenneté: 

21- Faut-il reconnaître le vote blanc ?

22- Faut-il rendre le vote obligatoire ?

23- Quelle est la bonne dose de proportionnelle aux élections législatives pour une représentation plus juste de tous les projets politiques ?

24- Faut-il, et dans quelles proportions, limiter le nombre de parlementaires ou autres catégories d’élus ?

25- Quel rôle nos assemblées, dont le Sénat et le Conseil Économique, Social et Environnemental, doivent-elles jouer pour représenter nos territoires et la société civile ?

26- Faut-il les transformer et comment ?

En outre, une grande démocratie comme la France doit être en mesure d’écouter plus souvent la voix de ses citoyens.

27- Quelles évolutions souhaitez-vous pour rendre la participation citoyenne plus active, la démocratie plus participative ?

28- Faut-il associer davantage et directement des citoyens non élus, par exemple tirés au sort, à la décision publique ?

29- Faut-il accroître le recours aux référendums et qui doit en avoir l’initiative ?

Immigration:

30- Que proposez-vous pour améliorer l’intégration dans notre Nation ?

31- En matière d’immigration, une fois nos obligations d’asile remplies, souhaitez-vous que nous puissions nous fixer des objectifs annuels définis par le Parlement ?

32- Que proposez-vous afin de répondre à ce défi qui va durer ?

Laïcité:

33- Comment renforcer les principes de la laïcité française, dans le rapport entre l’État et les religions de notre pays ?

34- Comment garantir le respect par tous de la compréhension réciproque et des valeurs intangibles de la République ?

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Lettre intégrale du Président de la République aux Français :

Chères Françaises, chers Français, mes chers compatriotes,
Dans une période d’interrogations et d’incertitudes comme celle que nous traversons, nous devons nous rappeler qui nous sommes.

La France n’est pas un pays comme les autres.

Le sens des injustices y est plus vif qu’ailleurs. L’exigence d’entraide et de solidarité plus forte.

Chez nous, ceux qui travaillent financent les pensions des retraités. Chez nous, un grand nombre de citoyens paie un impôt sur le revenu, parfois lourd, qui réduit les inégalités. Chez nous, l’éducation, la santé, la sécurité, la justice sont accessibles à tous indépendamment de la situation et de la fortune. Les difficultés de la vie, comme le chômage, peuvent être surmontées, grâce à l’effort partagé par tous.

C’est pourquoi la France est, de toutes les nations, une des plus fraternelles et des plus égalitaires.

C’est aussi une des plus libres, puisque chacun est protégé dans ses droits et dans sa liberté d’opinion, de conscience, de croyance ou de philosophie.

Et chaque citoyen a le droit de choisir celles et ceux qui porteront sa voix dans la conduite du pays, dans l’élaboration des lois, dans les grandes décisions à prendre.

Chacun partage le destin des autres et chacun est appelé à décider du destin de tous : c’est tout cela, la Nation française.

Comment ne pas éprouver la fierté d’être Français ?

Je sais, bien sûr, que certains d’entre nous sont aujourd’hui insatisfaits ou en colère. Parce que les impôts sont pour eux trop élevés, les services publics trop éloignés, parce que les salaires sont trop faibles pour que certains puissent vivre dignement du fruit de leur travail, parce que notre pays n’offre pas les mêmes chances de réussir selon le lieu ou la famille d’où l’on vient. Tous voudraient un pays plus prospère et une société plus juste.

Cette ambition, je la partage. La société que nous voulons est une société dans laquelle pour réussir on ne devrait pas avoir besoin de relations ou de fortune, mais d’effort et de travail.

En France, mais aussi en Europe et dans le monde, non seulement une grande inquiétude, mais aussi un grand trouble ont gagné les esprits. Il nous faut y répondre par des idées claires.

Mais il y a pour cela une condition : n’accepter aucune forme de violence. Je n’accepte pas la pression et l’insulte, par exemple sur les élus du peuple, je n’accepte pas la mise en accusation générale, par exemple des médias, des journalistes, des institutions et des fonctionnaires. Si tout le monde agresse tout le monde, la société se défait !

Afin que les espérances dominent les peurs, il est nécessaire et légitime que nous nous reposions ensemble les grandes questions de notre avenir.

C’est pourquoi j’ai proposé et je lance aujourd’hui un grand débat national qui se déroulera jusqu’au 15 mars prochain.
Depuis quelques semaines, des maires ont ouvert leurs mairies pour que vous puissiez y exprimer vos attentes. J’ai eu de premiers retours que j’ai pu prendre en compte. Nous allons désormais entrer dans une phase plus ample et vous pourrez participer à des débats près de chez vous ou vous exprimer sur internet pour faire valoir vos propositions et vos idées. Dans l’Hexagone, outre-mer et auprès des Français résidant à l’étranger. Dans les villages, les bourgs, les quartiers, à l’initiative des maires, des élus, des responsables associatifs, ou de simples citoyens… Dans les assemblées parlementaires comme régionales ou départementales.

Les maires auront un rôle essentiel car ils sont vos élus et donc l’intermédiaire légitime de l’expression des citoyens.

Pour moi, il n’y a pas de questions interdites. Nous ne serons pas d’accord sur tout, c’est normal, c’est la démocratie. Mais au moins montrerons-nous que nous sommes un peuple qui n’a pas peur de parler, d’échanger, de débattre.

Et peut-être découvrirons-nous que nous pouvons tomber d’accord, majoritairement, au-delà de nos préférences, plus souvent qu’on ne le croit.

Je n’ai pas oublié que j’ai été élu sur un projet, sur de grandes orientations auxquelles je demeure fidèle. Je pense toujours qu’il faut rendre à la France sa prospérité pour qu’elle puisse être généreuse, car l’un va avec l’autre. Je pense toujours que la lutte contre le chômage doit être notre grande priorité, et que l’emploi se crée avant tout dans les entreprises, qu’il faut donc leur donner les moyens de se développer. Je pense toujours que nous devons rebâtir une souveraineté industrielle, numérique et agricole et pour cela investir dans les savoirs et la recherche. Je pense toujours qu’il faut rebâtir une école de la confiance, un système social rénové pour mieux protéger les Français et réduire les inégalités à la racine. Je pense toujours que l’épuisement des ressources naturelles et le dérèglement climatique nous obligent à repenser notre modèle de développement. Nous devons inventer un projet productif, social, éducatif, environnemental et européen nouveau, plus juste et plus efficace. Sur ces grandes orientations, ma détermination n’a pas changé.

Mais je pense aussi que de ce débat peut sortir une clarification de notre projet national et européen, de nouvelles manières d’envisager l’avenir, de nouvelles idées.

À ce débat, je souhaite que le plus grand nombre de Français, le plus grand nombre d’entre nous, puisse participer.

Ce débat devra répondre à des questions essentielles qui ont émergé ces dernières semaines. C’est pourquoi, avec le Gouvernement, nous avons retenu quatre grands thèmes qui couvrent beaucoup des grands enjeux de la Nation : la fiscalité et les dépenses publiques, l’organisation de l’État et des services publics, la transition écologique, la démocratie et la citoyenneté. Sur chacun de ces thèmes, des propositions, des questions sont d’ores et déjà exprimées. Je souhaite en formuler quelques-unes qui n’épuisent pas le débat mais me semblent au cœur de nos interrogations.

Le premier sujet porte sur nos impôts, nos dépenses et l’action publique.
L’impôt est au cœur de notre solidarité nationale. C’est lui qui finance nos services publics. Il vient rémunérer les professeurs, pompiers, policiers, militaires, magistrats, infirmières et tous les fonctionnaires qui œuvrent à votre service. Il permet de verser aux plus fragiles des prestations sociales mais aussi de financer certains grands projets d’avenir, notre recherche, notre culture, ou d’entretenir nos infrastructures. C’est aussi l’impôt qui permet de régler les intérêts de la dette très importante que notre pays a contractée au fil du temps.

Mais l’impôt, lorsqu’il est trop élevé, prive notre économie des ressources qui pourraient utilement s’investir dans les entreprises, créant ainsi de l’emploi et de la croissance. Et il prive les travailleurs du fruit de leurs efforts. Nous ne reviendrons pas sur les mesures que nous avons prises pour corriger cela afin d’encourager l’investissement et faire que le travail paie davantage. Elles viennent d’être votées et commencent à peine à livrer leurs effets. Le Parlement les évaluera de manière transparente et avec le recul indispensable. Nous devons en revanche nous interroger pour aller plus loin.

Comment pourrait-on rendre notre fiscalité plus juste et plus efficace ? Quels impôts faut-il à vos yeux baisser en priorité ?

Nous ne pouvons, quoi qu’il en soit, poursuivre les baisses d’impôt sans baisser le niveau global de notre dépense publique.

Quelles sont les économies qui vous semblent prioritaires à faire ?

Faut-il supprimer certains services publics qui seraient dépassés ou trop chers par rapport à leur utilité ? À l’inverse, voyez-vous des besoins nouveaux de services publics et comment les financer ?

Notre modèle social est aussi mis en cause. Certains le jugent insuffisant, d’autres trop cher en raison des cotisations qu’ils paient. L’efficacité de la formation comme des services de l’emploi est souvent critiquée. Le Gouvernement a commencé à y répondre, après de larges concertations, à travers une stratégie pour améliorer notre santé, pour lutter contre la pauvreté et contre le chômage.

Comment mieux organiser notre pacte social ? Quels objectifs définir en priorité ?

Le deuxième sujet sur lequel nous devons prendre des décisions, c’est l’organisation de l’État et des collectivités publiques. 
Les services publics ont un coût, mais ils sont vitaux : école, police, armée, hôpitaux, tribunaux sont indispensables à notre cohésion sociale.

Y a-t-il trop d’échelons administratifs ou de niveaux de collectivités locales ? Faut-il renforcer la décentralisation et donner plus de pouvoir de décision et d’action au plus près des citoyens ? À quels niveaux et pour quels services ?

Comment voudriez-vous que l’État soit organisé et comment peut-il améliorer son action ? Faut-il revoir le fonctionnement de l’administration et comment ?

Comment l’État et les collectivités locales peuvent-ils s’améliorer pour mieux répondre aux défis de nos territoires les plus en difficulté et que proposez-vous ?

La transition écologique est le troisième thème, essentiel à notre avenir. 
Je me suis engagé sur des objectifs de préservation de la biodiversité et de lutte contre le réchauffement climatique et la pollution de l’air. Aujourd’hui personne ne conteste l’impérieuse nécessité d’agir vite. Plus nous tardons à nous remettre en cause, plus ces transformations seront douloureuses.

Faire la transition écologique permet de réduire les dépenses en carburant, en chauffage, en gestion des déchets et en transports. Mais pour réussir cette transition, il faut investir massivement et accompagner nos concitoyens les plus modestes.

Une solidarité nationale est nécessaire pour que tous les Français puissent y parvenir.

Comment finance-t-on la transition écologique : par l’impôt, par les taxes et qui doit être concerné en priorité ?

Comment rend-on les solutions concrètes accessibles à tous, par exemple pour remplacer sa vieille chaudière ou sa vieille voiture ? Quelles sont les solutions les plus simples et les plus supportables sur un plan financier ?

Quelles sont les solutions pour se déplacer, se loger, se chauffer, se nourrir qui doivent être conçues plutôt au niveau local que national ? Quelles propositions concrètes feriez-vous pour accélérer notre transition environnementale ?

La question de la biodiversité se pose aussi à nous tous.

Comment devons-nous garantir scientifiquement les choix que nous devons faire à cet égard ? Comment faire partager ces choix à l’échelon européen et international pour que nos agriculteurs et nos industriels ne soient pas pénalisés par rapport à leurs concurrents étrangers ?

Enfin, il est évident que la période que notre pays traverse montre qu’il nous faut redonner plus de force à la démocratie et la citoyenneté. 
Être citoyen, c’est contribuer à décider de l’avenir du pays par l’élection de représentants à l’échelon local, national ou européen. Ce système de représentation est le socle de notre République, mais il doit être amélioré car beaucoup ne se sentent pas représentés à l’issue des élections.

Faut-il reconnaître le vote blanc ? Faut-il rendre le vote obligatoire ?

Quelle est la bonne dose de proportionnelle aux élections législatives pour une représentation plus juste de tous les projets politiques ?

Faut-il, et dans quelles proportions, limiter le nombre de parlementaires ou autres catégories d’élus ?

Quel rôle nos assemblées, dont le Sénat et le Conseil Économique, Social et Environnemental, doivent-elles jouer pour représenter nos territoires et la société civile ? Faut-il les transformer et comment ?

En outre, une grande démocratie comme la France doit être en mesure d’écouter plus souvent la voix de ses citoyens.

Quelles évolutions souhaitez-vous pour rendre la participation citoyenne plus active, la démocratie plus participative ?

Faut-il associer davantage et directement des citoyens non élus, par exemple tirés au sort, à la décision publique ?

Faut-il accroître le recours aux référendums et qui doit en avoir l’initiative ?

La citoyenneté, c’est aussi le fait de vivre ensemble.

Notre pays a toujours su accueillir ceux qui ont fui les guerres, les persécutions et ont cherché refuge sur notre sol : c’est le droit d’asile, qui ne saurait être remis en cause. Notre communauté nationale s’est aussi toujours ouverte à ceux qui, nés ailleurs, ont fait le choix de la France, à la recherche d’un avenir meilleur : c’est comme cela qu’elle s’est aussi construite. Or, cette tradition est aujourd’hui bousculée par des tensions et des doutes liés à l’immigration et aux défaillances de notre système d’intégration.

Que proposez-vous pour améliorer l’intégration dans notre Nation ? En matière d’immigration, une fois nos obligations d’asile remplies, souhaitez-vous que nous puissions nous fixer des objectifs annuels définis par le Parlement ? Que proposez-vous afin de répondre à ce défi qui va durer ?

La question de la laïcité est toujours en France sujet d’importants débats. La laïcité est la valeur primordiale pour que puissent vivre ensemble, en bonne intelligence et harmonie, des convictions différentes, religieuses ou philosophiques. Elle est synonyme de liberté parce qu’elle permet à chacun de vivre selon ses choix.

Comment renforcer les principes de la laïcité française, dans le rapport entre l’État et les religions de notre pays ? Comment garantir le respect par tous de la compréhension réciproque et des valeurs intangibles de la République ?

Dans les semaines qui viennent, je vous invite à débattre pour répondre à ces questions déterminantes pour l’avenir de notre Nation. Je souhaite aussi que vous puissiez, au-delà de ces sujets que je vous propose, évoquer n’importe quel sujet concret dont vous auriez l’impression qu’il pourrait améliorer votre existence au quotidien.

Ce débat est une initiative inédite dont j’ai la ferme volonté de tirer toutes les conclusions. Ce n’est ni une élection, ni un référendum. C’est votre expression personnelle, correspondant à votre histoire, à vos opinions, à vos priorités, qui est ici attendue, sans distinction d’âge ni de condition sociale. C’est, je crois, un grand pas en avant pour notre République que de consulter ainsi ses citoyens. Pour garantir votre liberté de parole, je veux que cette consultation soit organisée en toute indépendance, et soit encadrée par toutes les garanties de loyauté et de transparence.

C’est ainsi que j’entends transformer avec vous les colères en solutions.

Vos propositions permettront donc de bâtir un nouveau contrat pour la Nation, de structurer l’action du Gouvernement et du Parlement, mais aussi les positions de la France au niveau européen et international. Je vous en rendrai compte directement dans le mois qui suivra la fin du débat.

Chères Françaises, chers Français, mes chers compatriotes, je souhaite que le plus grand nombre d’entre vous puisse participer à ce grand débat afin de faire œuvre utile pour l’avenir de notre pays.

En confiance,
Emmanuel Macron,

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Rédigé par Pierre HAMMADI

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Publié le 13 Janvier 2019

Le caporal-chef Simon Cartannaz, 28 ans, et le sapeur de première classe Nathanaël Josselin, 27 ans, décédés des suites de l'explosion de la rue de Trévise, à Paris le 12 janvier 2019. Twitter/Pompiers de Paris

Le caporal-chef Simon Cartannaz, 28 ans, et le sapeur de première classe Nathanaël Josselin, 27 ans, décédés des suites de l'explosion de la rue de Trévise, à Paris le 12 janvier 2019. Twitter/Pompiers de Paris

L'association pour le développement des œuvres sociales des Sapeurs-pompiers de Paris (ADOSSPP) a lancé une collecte de dons sur la plate-forme lepotcommun.fr pour soutenir les familles des deux disparus. Celle-ci a déjà dépassé les 111.000 euros à 17 heures, ce dimanche. 

Dans le texte qui accompagne cette cagnotte en ligne, il est révélé que Simon Cartannaz, 28 ans, sapeur-pompier depuis 2013, avait été décoré d'une médaille pour acte de courage et de dévouement (ACD), échelon bronze et d'une médaille de la sécurité Intérieur (MSI), échelon bronze en 2016. "Il était célibataire et sans enfant".

Quant à Nathanaël Josselin, 27 ans, sapeur-pompier depuis 2014, pacsé et père d'un garçon de 3 ans, il avait été décoré de la médaille de la Sécurité intérieure, échelon bronze, en 2016.  

"La brigade de sapeurs-pompiers de Paris exprime sa profonde tristesse face à ce drame", peut-on lire.

Samedi 12 janvier, tous les deux sont morts des suites de leurs blessures, après leur intervention pour une fuite de gaz, qui a tourné au drame à Paris, lorsque l’immeuble a explosé. Deux autres personnes sont également décédées.

Les deux hommes avaient été appelés peu après 8h30 samedi 12 janvier pour un incendie dans une boulangerie, rue de Trévise à Paris IX, avant d'être alertés par des voisins d'une fuite de gaz qui serait probablement à l'origine de l'explosion.

Gravement touchés, les deux soldats du feu avaient été évacués en arrêt cardio-respiratoire mais n'ont pas survécu à leurs blessures.

Plusieurs collègues sapeurs-pompiers font partie des blessés. L'un d'entre eux l'est grièvement. La ministre des Armées Florence Parly et le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner se sont rendus à son chevet. Ce dernier a annoncé via Twitter que les oeuvres sociales des pompiers de Paris avaient lancé une collecte de dons pour soutenir les familles des deux disparus. 

Le bilan des victimes est lourd. Il est passé dimanche 13 janvier à quatre morts et dix blessés en "urgence absolue". 45 autres personnes ont également été légèrement blessées, a précisé Éric Moulin, commandant de la brigade de sapeurs-pompiers de Paris.

"L'explosion a été particulièrement violente, elle s'est propagée sur 100 m, avait également expliqué le commandant Eric Moulin. "Il faut renforcer le bâtiment du sous-sol jusqu'en haut. Tous les bâtiments à côté ou en face ne sont pas accessibles. Au fur et à mesure, on lève les doutes avec les architectes. Une trentaine de pompiers sont toujours mobilisés sur les lieux et des hommes resteront au moins 48 heures et peut-être toute la semaine", a t-il ajouté.

Le corps retrouvé dimanche sous les décombres du bâtiment pourrait être celui d'une jeune femme portée disparue et qui était recherchée par les secours. La femme recherchée "habitait un appartement situé au-dessus du point de l'explosion et (qui) pourrait se trouver sous les décombres", avait déclaré à l'AFP un porte-parole des pompiers. 

"Une quarantaine de sapeurs-pompiers, dont des maîtres chiens et des pompiers spécialisés du Groupement d'intervention en milieu périlleux (Grimp) et de la Recherche et sauvetage en milieu urbain (RSMU), déblaient les débris à la main, pierre par pierre, en raison des conditions de sécurité périlleuses", avait-il précisé. 

"Il faut sécuriser et renforcer au fur et à mesure le bâtiment. Les opérations de déblaiement pourraient se poursuivre une bonne partie de la semaine", a-t-il estimé.

La maire de Paris, Anne Hidalgo, a annoncé l'ouverture d'une cellule d'accueil et d'assistance à la mairie du 9e arrondissement. L'objectif sera notamment de trouver des solutions de relogement pour les habitants des immeubles touchés par le sinistre. Environ 150 habitants ont dû être évacués après l'explosion.

Un journaliste de TF1 a posté un montage sur Twitter afin de "se rendre compte de la puissance de l'explosion survenue dans une boulangerie de la rue de Trévise". 

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Rédigé par Pierre HAMMADI

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Publié le 7 Janvier 2019

 

"Il s'est rendu ce matin. Il n'est pas un criminel, juste un Gilet jaune voulant défendre son pays, pour l'avenir de ses enfants !" : affirmant être la belle-sœur de Christophe Dettinger, Gaelle Galou a publié sur son compte Facebook, ce lundi 7 janvier une vidéo dans laquelle l'ex-boxeur explique pourquoi il s'en est pris aux forces de l'ordre, le 5 janvier, lors de l'"acte 8" des Gilets jaunes.

"Je suis un Gilet jaune, j'ai la colère du peuple qui est en moi [...] Je me suis fait gazer avec mon ami et ma femme, à un moment, la colère est montée en moi. Oui, j'ai mal réagi, mais je me suis défendu", explique l'ancien champion de France de boxe 2007 Christophe Dettinger.

Il affirme avoir participé aux huit actes de mobilisation des Gilets jaunes. "J'ai vu la répression qu'il y a eu [...] J'ai vu la police faire mal à des gens avec des flashballs, j'ai vu des gens blessés, j'ai vu des retraités se faire gazer", confie-t-il.

"Je suis un citoyen normal [...] Je vois tous ces présidents, tous ces ministres, tout l'État, se gaver sur notre dos [...] Je suis Français, je suis fier d'être Français, je ne suis pas d'extrême gauche, je ne suis pas d'extrême droite, je suis un citoyen lambda, j'aime mon pays, j'aime ma patrie", a expliqué Christophe Dettinger.

Visiblement bouleversé, il conclut sur un message adressé aux participants du mouvement : "Peuple français, Gilets jaunes, je suis de tout cœur avec vous, il faut continuer le combat pacifiquement, s'il vous plaît".

Samedi 5 janvier, pendant l'"acte 8" des Gilets Jaunes, un boxeur a été filmé en train de frapper un gendarme mobile, à grands coups de poing sur son bouclier et son casque, au cours de violents affrontements entre les manifestants et les forces de l'ordre sur la passerelle Leopold-Sédar-Senghor à Paris. Dans une autre vidéo, il frappe un gendarme à terre en compagnie d'autres manifestants.

Rapidement identifié par la police, il s'agit de Christophe Dettinger, 37 ans, dit "Le Gitan de Massy", un boxeur professionnel français sacré champion de France des poids lourds-légers le 30 octobre 2007.

Les deux gendarmes, qui ont porté plainte, se sont vus prescrire 15 jours d'ITT et 2 jours d'ITT. 

Une perquisition avait visé son domicile à proximité de Massy, dimanche matin mais l'homme était absent lors de l'arrivée des fonctionnaires, un membre de sa famille avait indiqué qu'il se rendrait à la police lundi. Ce qu'il a fait, ce lundi 7 janvier. Il s’est présenté à la sûreté territoriale, à Paris, avec son avocat, précise une source policière à France 2. Il a été placé en garde à vue. 

Samedi soir, un syndicat de policiers a confirmé qu'il s'agissait bien d'un pratiquant professionnel de ce sport de combat, en précisant qu'il avait été identifié. 

"Monsieur, vous qui avez frappé un collègue à terre, vous êtes identifié. Pour un boxeur, vous ne respectez apparemment pas beaucoup de règles. Nous allons vous apprendre celles du code pénal", a tweeté le syndicat policier.

"Il devra rendre compte de cette attaque aussi lâche qu'intolérable", a rapidement répondu le ministre de l'Intérieur, Christophe Castaner.

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Rédigé par Pierre HAMMADI

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Publié le 5 Janvier 2019

Le porte-parole du gouvernement et ses collaborateurs, ont dû être évacués après une intrusion violente dans la cour de son ministère à Paris, samedi 5 janvier, en marge de l'"acte 8" des "gilets jaunes".

Benjamin Griveaux était dans son bureau quand des individus ont défoncé la porte de son secrétariat d'État avec un engin de chantier qui était dans la rue. Ils ont pénétré dans la cour sans entrer dans les locaux, avant de repartir du site qui abrite également le ministère des Relations avec le Parlement, au 101 rue de Grenelle. 

"C'est jamais très agréable de défoncer à coup d'engin de chantier l'endroit où vous travaillez, mais ce n'est pas moi qui ait été attaqué, c'est la République, c'est nos institutions", a réagi Benjamin Griveaux devant son ministère.

Le porte-parole du gouvernement évoque "trois ou quatre personnes très actives dans la cour" en plus de "la personne qui conduisait l'engin de chantier". Il indique qu'ils ont "brisé quelques vitres" et que "les voitures du ministère sont inutilisables". Benjamin Griveaux et "cinq ou six" collaborateurs ont été évacués par "la porte arrière du ministère", a-t-il précisé. 

"Il n'y a pas eu de contact avec les manifestants. J'étais dans mon bureau en train de travailler lorsque des Gilets jaunes ont défoncé le portail et la grille avec un engin de chantier trouvé dans la rue. Ils ont également brisé quelques vitres et les voitures du ministère sont inutilisables. Mon officier de sécurité m'a dit : "monsieur le ministre, il faut partir". On a mis en sécurité, pas que moi, mais mes équipes", a-t-il déclaré. 

"Ceux qui sont rentrés ici aujourd'hui se sont mis hors de la République. J'espère que les caméras internes du ministère permettront de les identifier et de les punir. Evidemment c'est gravissime. Je crois que c'est le fait d'une minorité qu'on invite sur les plateaux télé. Ceux qui veulent radicaliser le mouvement trouveront toujours face à eux une République qui se tient debout." a ajouté Benjamin Griveaux.

Pour cette huitième journée de rassemblement des Gilets jaunes, des violences ont eu lieu en province et à Paris, notamment près du Musée d'Orsay et boulevard Saint-Germain.

Paris, samedi 5 janvier 2019

Paris, samedi 5 janvier 2019

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Rédigé par Pierre HAMMADI

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Publié le 3 Janvier 2019

Le chef de l’État n’a pas fait dans le détail : "Que certains prennent pour prétexte de parler au nom du peuple. Mais lequel, d'où, comment, et n’étant en fait que les porte-voix d’une foule haineuse, s’en prennent aux élus, aux forces de l’ordre, aux journalistes, aux juifs, aux étrangers, aux homosexuels, c’est tout simplement la négation de la France.

Si le chef de l'État n'a pas prononcé une seule fois le mot "Gilets jaunes" pendant les 16 minutes de son allocution, les commentateurs y voient une référence à peine voilée à la mobilisation nationale entamée le 17 novembre 2018. Et, sur les réseaux sociaux, de nombreux internautes ont souhaité répondre à ce qu'ils ont perçu comme des propos diffamatoires à l'encontre des Gilets jaunes.

En réponse à Macron, une photographie de deux Gilets jaunes assis près d'un feu : une femme reposant sa tête sur l'épaule d'un homme âgé appuyé sur une canne.

La voilà notre "haine" !, a lancé le Collectif carton jaune en relayant cette photographie.

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Publié le 1 Janvier 2019

Bonne année 2019 à toutes et à tous

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Rédigé par Pierre HAMMADI

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Publié le 27 Décembre 2018

Elle soutient les gilets jaunes mais juge que le sujet des retraites est le parent pauvre du débat suscité par le mouvement.

C'est pourquoi Francine Vergon, 68 ans, retraitée de la fonction publique, vivant à Nancy (Meurthe-et-Moselle) avec une pension de 954 euros par mois, a lancé une pétition pour demander l’indexation des retraites sur l'inflation. Elle a déjà recueilli plus de 154.000 signatures.

Francine Vergon est en colère. Comme de très nombreux retraités, elle ne sera pas concernée par l’exonération élargie de la hausse de la CSG. 

Elle commence par noter dans sa pétition : "Monsieur Macron va supprimer la hausse de la CSG injustement établie pour les retraités ayant une retraite de plus de 1.200 euros par mois. Cette suppression concernera les personnes touchant des pensions de moins de 2.000 euros."

"Les retraites n'ont plus été revalorisées depuis avril 2013 ce qui est scandaleux compte tenu de l'augmentation du coût de la vie. Tous ceux qui ont une pension de retraite de moins de 1.000 euros par mois sont les grands oubliés des mesures annoncées par Macron. Beaucoup d'entre nous ont du mal, eux aussi, à finir le mois " ajoute-t-elle.

Mardi 25 décembre, elle a raconté auprès de France bleu, "Ma situation n'est pas florissante mais je pense surtout aux retraités qui ont moins ou rien du tout, témoigne-t-elle. Je connais des personnes avec 600 euros par mois qui font les poubelles. Moi j'arrive encore à me débrouiller mais le jour où je n'y arriverai plus j'ai encore mes enfants. Ma fille me propose parfois de me faire un plein de nourriture, mais je n'aime pas ça, j'ai aussi du respect pour moi."

La retraitée compte déposer sa pétition sur la table des députés, sénateurs et tous les élus de la région. "Mais s'il faut que j'aille à l'Élysée pour l'apporter, j'irai !", promet-elle.

Si la sexagénaire se souvient d’avoir campé sur les barricades en Mai 68, des problèmes de santé l’ont empêché de se mobiliser avec les gilets jaunes sur les ronds-points.

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Rédigé par Pierre HAMMADI

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Publié le 9 Décembre 2018

 

Jonathann Daval, mis en examen après des premiers aveux le 30 janvier pour "meurtre sur conjoint" dans le dossier Alexia Daval, retrouvée sans vie dans le bois d'Esmoulins près de Gray, en Haute-Saône, le 30 octobre 2017, est revenu vendredi 7 décembre à ses aveux initiaux devant ses beaux-parents. 

Après avoir avoué une première fois le meurtre commis fin octobre 2017, Jonathann Daval était revenu sur ses aveux en juin pour accuser son beau-frère Grégory Gay d'en être l'auteur et sa belle-famille d'avoir conclu un "pacte secret" pour lui faire porter le chapeau.

L'informaticien a de nouveau avoué être le meurtrier de sa femme Alexia, craquant lors d'une confrontation avec la mère de la victime vendredi au tribunal de grande instance de Besançon, a annoncé le procureur de la République Étienne Manteaux.

Il confirme les nouveaux aveux du mari d'Alexia. "Monsieur Daval s'est réfugié dans son déni pour, au bout d'une heure et quart, une heure vingt de confrontation, s'effondrer en sanglots et avouer finalement qu'il avait donné la mort à Alexia Daval", a déclaré le procureur. "Lors de la confrontation avec sa belle mère Isabelle Fouillot, le mari d'Alexia a craqué face à une photo de la jeune femme. Il s'est mis à genou pour demander pardon à Isabelle Fouillot. C'est bien lui qui a tué Alexia, Jonathann Daval dit avoir agi seul" explique le Procureur.

"Tout est allé très vite selon l'informaticien. Alexia aurait fait une crise, le couple s'est battu, elle serait tombée dans l'escalier" explique le Procureur de la République. Jonathann Daval qui depuis six mois accusait son beau frère d'avoir tué Alexia sera réentendu dans les prochains jours seul par le juge d'instruction. Car il reste des zones d'ombre. Pour le Procureur, "la version du jour de Jonathann Daval ne correspond pas complètement aux blessures retrouvées sur le corps de la jeune femme. Jonathann Daval nie en revanche avoir mis le feu au corps de son épouse retrouvé en pleine forêt le 30 octobre 2017 dans le bois d'Esmoulins près de Gray".

En revanche, le procureur de la République a exclu toute complicité dans ce dossier, sujet pourtant maintes fois évoqué dans ce dossier, à la fois par les parties civiles mais aussi par la défense.

"Aucun élément dans le dossier ne laisse à penser à l'intervention d'un tiers", a précisé Etienne Manteaux. Il a par exemple précisé que la mère de Jonathann Daval, indirectement désignée comme complice par Grégory Gay, qui avait fait un rapprochement, à la lecture du dossier d'instruction, entre une trace ADN retrouvée dans le coffre de la voiture professionnelle de l'informaticien et l'ADN de sa mère Martine Henry, avait un alibi à l'heure à laquelle Jonathann Daval a déposé le corps de sa femme dans la forêt.

La mère d'Alexia dit son soulagement après les aveux réitérés de Jonathann Daval. C'est grâce à une photo d'Alexia et de son chat Happy que Jonathann est sorti de son carcan de déni a t-elle expliqué. Jonathann a avoué devant cette famille qui lui a redit l'avoir aimé comme un fils pendant 10 ans. 

"Je suis très satisfait de ce qu'il s'est passé aujourd'hui. Tout le monde a parfaitement fait son travail", a déclaré son avocat, Me Randall Schwerdorffer. "Enfin, Jonathann Daval pourra avoir un vrai procès, condamné pour la réalité des faits qu'il a commis. Pas forcément pour un assassinat. On va pouvoir commencer un travail de défense beaucoup plus constructif et utile."

Mis en examen pour meurtre sur conjoint, Jonathann Daval encourt la réclusion criminelle à perpétuité. Le procès devrait se tenir courant 2019.

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Rédigé par Pierre HAMMADI

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Publié le 22 Novembre 2018

Lors du deuxième jour de sa visite d’État en Belgique, le président Emmanuel Macron, participait mardi 20 novembre, en compagnie du Premier ministre belge Charles Michel, à une conférence-débat sur le thème de l'Europe, organisée par l'Université catholique de Louvain (UCL) et où participaient plus de 800 étudiants.

Alors que le chef de l'État français expliquait qu'aux dernières élections européennes, le Front national était arrivé en tête en France, il s'est fait interrompre par des manifestants brandissant une banderole. "Le sang coule de leurs mains. Renseignez-vous", pouvait-on lire sur celle-ci.

"Il faut que vous disiez des mains de qui 'coule le sang' !", réagit alors Emmanuel Macron, qui propose de répondre à cette interpellation après avoir fini son propos sur l'enjeu des élections européennes.

Refusant d'attendre la fin du discours, l'étudiant repart de plus belle : "Pourquoi vous matraquez vos étudiants ? Pourquoi vous êtes le seul pays qui utilise des grenades contre sa propre population ? Pourquoi vous envoyez des militaires contre des citoyens qui défendent l'écologie ?", s'interroge alors le jeune homme. Il le traitera ensuite de "menteur". Le locataire de l'Élysée lui répond : "Alors là, vous dites n'importe quoi."

Le président de la République a ensuite demandé à son interlocuteur de ne pas "l'invectiver" et à la sécurité de ne pas l'expulser de la salle. '"C’est un lieu de discussion. Je réponds d’abord à votre camarade puis je vous répondrai", a-t-il poursuivi. Emmanuel Macron s'est ensuite inquiété du jet de tracts de son détracteur. "Et ne me mettez pas des papiers partout car quelqu’un va les ramasser et ce ne sera pas vous", a-t-il lancé. 

"En France, les CRS ne s'attaquent pas aux étudiants. Et il y a pendant des jours et des jours des étudiants et beaucoup de non-étudiants, y compris un petit chien extrêmement sympathique qui avait un compte Twitter, qui ont saccagé l'université de Tolbiac", a encore affirmé Emmanuel Macron.

"Il faut arrêter les bêtises ! La moitié des gens ne sont pas des étudiants là depuis longtemps, ce sont des groupes anarchistes. Malheureusement, ils ont arrêté les études depuis très longtemps et n'ont pas envie de s'y remettre. Je serais très favorable à ce qu'ils reprennent les études, mais eux n'ont pas envie", a encore lancé le président de la République.

"Il n’y a eu aucune intervention avec de la violence contre eux. Il y a eu beaucoup de blessés dans nos forces de l’ordre, il n’y en a pas eu de leur côté", a encore dit Emmanuel Macron. Enfin, le chef de l'Etat a clos sa réponse en parlant de l'évacuation de la ZAD de Notre-Dame-des-Landes. "Et nous avons évacué des gens à Notre-Dame-des-Landes, car je pense qu’il faisait référence à ça, comme nous allons continuer à le faire" quand l'ordre public est mis en cause, a-t-il avancé.  

La France est le seul pays en Europe à utiliser des grenades explosives pour maintenir à distance les manifestants les plus violents lors de rassemblements. C'est un rapport commun de l'inspection générale de la police et de la gendarmerie qui l'explique. 

Cette grenade explosive s’appelle la GLI-F4. C’est celle-ci qui avait arraché la main d’un manifestant de la ZAD de Notre-Dame-des-Landes qui avait tenté de la ramasser en 2017. C’est cette même grenade qui avait blessé au pied, en août 2017, un manifestant à Bure en Lorraine.

Cette grenade a trois caractéristiques quand elle explose. Elle libère du gaz lacrymogène, elle provoque un bruit intense estimé à 165 décibels dans un rayon de cinq mètres. C’est, à titre de comparaison, plus fort qu’un avion au décollage qui produit environ 140 décibels. Surtout, elle provoque une forte explosion grâce à un explosif déjà présent dans une autre grenade, la OF-F1. Celle-ci était responsable de la mort de Rémi Fraisse en octobre 2014 à Sivens. Elle a été interdite depuis. 

La GLI-F4 pourrait être interdite prochainement. Le 24 mai 2018, selon le bulletin officiel, le ministère de l'Intérieur a indiqué qu’il allait renouveler ses stocks de grenades, mais n’a pas commandé de nouvelles GLI F4. "Il a été décidé de ne plus fabriquer de cette grenade", a expliqué le ministère. Pourtant, celle-ci continuera d'être utilisée jusqu’à épuisement des stocks. 

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Rédigé par Pierre HAMMADI

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Publié le 18 Novembre 2018

Plus de 282.000 manifestants ont participé samedi aux différents blocages organisés par les "gilets jaunes" partout en France qui ont provoqué la mort d'une personne et blessé 409 autres, a annoncé le ministère de l'Intérieur. Quatorze personnes sont gravement blessées, a précisé le ministère.

Le mouvement a été endeuillé par le décès d'une manifestante sur un barrage situé sur un rond-point du Pont-de-Beauvoisin (Savoie).

Selon les premiers éléments, l'accident est survenu lorsqu'une 4x4 Audi s'est présentée devant le barrage, non déclaré auprès de la préfecture. Au volant, une femme de 43 ans, accompagnée de sa fille malade qu'elle voulait emmener chez le médecin. Les "gilets jaunes" ont refusé de la laisser passer et donné des coups sur la voiture. Il semblerait alors que la conductrice ait paniqué.

"Elle a mis un premier coup d'accélérateur, un second. Et au troisième, elle a foncé et renversé Chantal, l'écrasant littéralement avec les roues avant et arrière. C'était terrible. On a tout de suite compris qu'il n'y avait plus rien à faire", a raconté Sandrine, témoin du drame, au Parisien ."Mourir comme ça, c'est injuste", a déclaré, en larmes, l'une des voisines de la victime de 63 ans, qui habitait à Domessin (Savoie).

Ancienne animatrice d'arts plastiques, veuve, Chantal était mère de quatre enfants et grand-mère de plusieurs petits-enfants. Sa fille Alexandrine, elle aussi mobilisée avec les "gilets jaunes", a décrit une femme qui "venait juste de prendre sa retraite et avait vraiment la sensation que son niveau de vie allait devoir baisser". "Elle était un peu inquiète, surtout pour ses enfants et ses petits-enfants pour la suite", a souligné la jeune femme sur RTL.

La fille de la victime, qui a évoqué un "choc terrible", a appelé "au calme et à l'intelligence", insistant sur le fait qu'elle ne voulait pas "que les gens se laissent submerger par la colère", qui "n'amène jamais rien de bon".

Elle ne compte pas en rester là et va se battre pour que justice soit faite. Elle en veut à la conductrice qui "a brisé plus qu'une vie". Il y a la douleur mais aussi tout ce qu'il y a à côté : "Je pouvais travailler parce que ma mère était là. Je ne sais comment je vais tenir les écuries maintenant". 

Selon Alexandrine, si la situation du pays était différente, "il n'y aurait pas les gilets jaunes dehors et ma mère ne serait pas morte". Elle compte porter plainte contre le gouvernement  même si elle reconnait qu"'il est impliqué indirectement".

Samedi, sur plusieurs lieux de rassemblement des "gilets jaunes", des minutes de silence ont été respectées en la mémoire de Chantal Mazet.

Plusieurs responsables politiques, ont présenté leurs condoléances aux proches de la victime. 

Une enquête, ouverte pour homicide involontaire, devra déterminer les circonstances du drame. La conductrice incriminée, en "état de choc", a été interpellée et placée en garde à vue samedi 17 novembre.

Elle est poursuivie "pour violences volontaires avec arme par destination (la voiture) ayant entraîné la mort sans intention de la donner", a précisé ce dimanche le parquet de Chambéry. Sa garde à vue a été levée dimanche matin et elle a été placée sous contrôle judiciaire. 

Sur le périphérique parisien, des "gilets jaunes" observent une minute de silence en hommage à la manifestante tuée quelques heures plus tôt sur un barrage en Savoie.
La fille de la manifestante tuée en Savoie réagit au micro de BFMTV

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Rédigé par Pierre HAMMADI

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