Naomi Musenga moquée par le Samu est morte d'une intoxication au paracétamol

Publié le 11 Juillet 2018

Enregistrement relatant les échanges entre la jeune femme et l'opératrice

Alors que Naomi Musenga est décédée le 29 décembre 2017 après un appel au Samu qui n’a pas été pris au sérieux, la procureur de Strasbourg, Yolande Renzi, vient d’annoncer l’ouverture d’une information judiciaire.

C'est ce qu'avaient réclamé les parents de la jeune femme décédée fin décembre à Strasbourg après un appel au Samu traité avec mépris. 

Dans un communiqué mercredi 11 juillet, la procureure de la République a annoncé l’ouverture d’une information judiciaire pour "non-assistance à personne en péril contre l’opératrice du centre des appels d’urgence et tous autres, ainsi que du chef d’homicide involontaire contre X".

Parallèlement à une enquête administrative confiée à l'Inspection des affaires sociales (Igas), le parquet de Strasbourg avait ouvert début mai une enquête préliminaire, mais cette procédure ne permettait pas à la famille ou à ses avocats d'accéder au dossier.

Le directeur du Samu a démissionné après les conclusions de l'Inspection générale des affaires sociales indiquant que la prise en charge de Naomi Musenga n'était "pas conforme".

"Cette demande de démission a été déposée spontanément au début de l'enquête, début mai, et a été accepté, puisque c'est une des préconisations du rapport de l'inspection générale" des affaires sociales (Igas), a indiqué Christophe Gautier, directeur des Hôpitaux universitaires de Strasbourg (HUS).

"Les conditions de transmission de la bande (de l'appel de Naomi Musenga au Samu à la famille de la jeune femme) n'ont pas été conformes à la procédure et cela a abouti à la demande de démission de responsable du service", a-t-il expliqué.

 "Les suites immédiates qui ont été données par le responsable du SAMU n'ont pas été à la hauteur de la gravité de la situation (..) la suspension définitive de l'assistante de régulation médicale n'est intervenue qu'un mois plus tard", souligne l'Igas.

"Une procédure disciplinaire" va être engagée à l'encontre de "l'assistante de régulation médicale ayant réceptionné l'appel" qui fait déjà l'objet d'une suspension à titre conservatoire depuis le 9 mai 2018, a précisé Christophe Gautier.

La procureure a par ailleurs indiqué qu'elle avait reçu le mardi 10 juillet plusieurs membres de la famille de la jeune femme et leur avocat "afin de leur donner connaissance des conclusions de cette enquête et répondre à leurs interrogations et incompréhensions bien légitimes dans ce contexte particulièrement douloureux". 

Elle a également expliqué que la jeune femme de 22 ans, à l’agonie lors de sa conversation avec le Samu, a été victime "d’une intoxication au paracétamol absorbé par automédication sur plusieurs jours. La destruction évolutive des cellules de son foie a entraîné une défaillance de l’ensemble de ses organes conduisant rapidement à son décès".

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De tous les antidouleurs, le paracétamol est celui de référence pour traiter les maux de tête, le mal de gorge ou la fièvre lors d’un rhume, car c’est celui qui provoque le moins d’effets indésirables.

Aussi connu sous les noms de marques Doliprane, Efferalgan ou Dafalgan, cet analgésique disponible sans ordonnance est le plus prescrit et vendu dans le monde.

S’il est très rare que ce médicament soit à l’origine d’effets indésirables lorsqu’il est bien utilisé, une surdose de paracétamol expose en revanche à de graves troubles. 

Au-delà de 4 grammes par jour chez l’adulte de plus de 50 kilos, le paracétamol peut être toxique pour le foie et, plus rarement, pour les reins. Cet organe est chargé de détoxifier ce médicament. Or en cas d’excès de paracétamol, les capacités épuratrices du foie sont épuisées et une hépatite fulminante potentiellement mortelle peut survenir.

L’intoxication au paracétamol se manifeste dans les 24 heures suivant l’ingestion par des nausées et des vomissements, parfois accompagnés d’une transpiration et d’un état léthargique. Si des douleurs apparaissent au côté droit du ventre, c’est le signe que le foie est atteint. Dans ce cas, l’organe peut être progressivement détruit sous 3 à 4 jours.

Cela aboutit, pour les cas graves, à une insuffisance hépatique accompagnée d’hémorragies, d’un oedème cérébral et d’encéphalopathie (inflammation du cerveau), qui peuvent par la suite conduire au décès en l’absence de greffe du foie.

Pour éviter ces complications, il faut prendre garde à ne pas dépasser la posologie du médicament. Celle-ci est fixée en fonction du poids du malade, et non de son âge.

Chez l’adulte et l’enfant de plus de 50 kilos, la posologie est de 500 mg à 1 gramme par prise, à renouveler en cas de besoin après un délai d’au moins quatre heures, en veillant à ne pas excéder 4 grammes en 24 heures.

Chez les personnes de moins de 50 kilos, il ne faut pas dépasser 10 à 15 mg par kilogramme et par prise, à espacer d’au moins 4 heures et sans dépasser 60 mg par kilos en 24 heures.

Rédigé par Pierre HAMMADI

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