Loi travail : Cette loi, "elle va passer - Je ne céderai pas", affirme François Hollande

Publié le 17 Mai 2016

François Hollande sur Europe 1, "Ça va effectivement mieux pour la France, pas forcément pour tous les Français", a-t-il convenu, ajoutant que cette phrase, prononcée le 14 avril sur le plateau de France 2, n'était "pas un propos de circonstance, de campagne ou de tribune". 

Et pour prouver que cela va mieux, le président de la République a confirmé que, si les conditions économiques le permettaient, il annoncerait à l'été une baisse d'impôts pour les ménages en 2017. 

"Non, je ne multiplie pas les cadeaux ", s'est-il agacé à l'énumération des dernières annonces consenties, notamment aux jeunes, aux fonctionnaires et aux agriculteurs.

Le président a aussi critiqué les programmes économiques des candidats à la primaire à droite. "Ils sont tous pour une augmentation de la TVA. Franchement lisez les ! Lisez les, je vais faire de la promotion", s'est-il emballé. "Augmenter la TVA ce n'est pas juste, ça va toucher tous les Français indifféremment". 

Alors que les routiers bloquent une partie des raffineries et des ports français, que les métros tournent au ralenti, que la semaine s'annonce plus que bousculée socialement, le président de la République n'a abordé le sujet qu'au bout de vingt minutes d'interview. A 7h50, après avoir longuement évoqué le chômage - 608.200 chômeurs de plus depuis juin 2012, "sous mon prédécesseur, c'était un million de plus" -, François Hollande a réaffirmé sa foi dans la loi Travail, destinée à "donner de la visibilité" aux entreprises. "Il n'y a pas d'autre mécanisme pour créer de l'emploi", a-t-il insisté.

Vingt minutes plus tard, le président est de nouveau interrogé sur le projet de loi, et cette sixième journée de mobilisation, à l'appel de sept syndicats. Cette loi, "elle va passer, parce qu'elle a été discutée, a été concertée, a été corrigée, a été amendée", répond-il sans s'arrêter sur l'usage du 49.3. "Je ne céderai pas parce qu'il y a eu trop de gouvernements qui ont cédé (...) pour que moi-même, dans des circonstances qui ne sont pas faciles, je puisse céder dès lors qu'un compromis a été trouvé, un équilibre a été obtenu, que les syndicats réformistes sont derrière ce texte et qu'il y a une majorité de socialistes qui sont en faveur", a-t-il ajouté.

"Il est très important dans notre pays, et la loi El Khomri va y contribuer, que les partenaires, c'est à dire les entreprises, les syndicats, puissent au niveau de l'entreprise déterminer leur propre avenir dans le respect de la loi". Bref, "je conduis les Français vers une forme de social-démocratie à la française", a-t-il voulu résumer.

Sept syndicats (CGT, FO, FSU, Solidaires, Unef, UNL et Fidl) sont à l'initiative de deux nouvelles journées d'actions unitaires ce mardi et jeudi, les sixième et septième en un peu plus de deux mois, pour contester le texte de la ministre Myriam El Khomri, jugé trop favorable aux entreprises. "Quand on n'est pas entendu, il faut essayer de se faire entendre", a résumé lundi Philippe Martinez, le numéro un de la CGT.

"Quand il y a tant de citoyens qui s'opposent à un projet de loi, quand il y a des manifestations qui durent depuis très longtemps, eh bien, on doit écouter le peuple. Monsieur Hollande a les oreilles bouchées", déclare Philippe Martinez, secrétaire général de la CGT, interrogé sur Europe 1. "On est dans la phase où les salariés ont décidé de se faire entendre plus fort. Les salariés ont décidé de durcir le mouvement, c'est une bonne chose. Il faut généraliser les grèves", ajoute-t-il.

Barrages filtrants, blocages de zones logistiques... Les routiers ont inauguré ce mardi une semaine de grèves reconductibles dans divers secteurs contre le projet de loi Travail, un mouvement qui s'accompagne de nouvelles manifestations, émaillées de quelques incidents. Bordeaux fait partie des villes touchées par la mobilisation des routiers, avec notamment la mise en place de barrages filtrants pour bloquer les poids-lourds. L'entrée Nord d'Arras (Pas-de-Calais) est bloquée au rond-point dit des abattoirs par des routiers, rapporte "la Voix du Nord".

A Nantes des heurts ont eu lieu entre des manifestants et la police et en Bretagne, des opposants à la loi Travail ont occupé les voies SNCF, à Morlaix (Finistère), interrompant le trafic vers et depuis Paris sur cette portion. Un groupe de sept à huit photographes et journalistes vidéo a été victime de jets de bouteille. De nouveaux heurts se sont produits près du château des Ducs de Bretagne, à l'entrée de la rue de Strasbourg qui mène à la mairie et à la préfecture. Après avoir été visées par des projectiles, les forces de l'ordre ont fait usage de grenades lacrymogènes.

En marge de la manifestation à Marseille (Bouches-du-Rhône), "La Provence" fait état de groupes de jeunes qui ont pris la direction de la gare de la Blancarde et qui ont mis le feu à plusieurs poubelles boulevard Sakakini. Les CRS ont fait usage de gaz lacrymogènes. environ 5.000 manifestants sont rassemblés sur le Vieux-Port, rapporte.

Des incidents entre des manifestants qui essayaient d'accéder à la rocade de Rennes pour la bloquer, et les forces de l'ordre, qui les en empêchaient, ont eu lieu après la manifestation intersyndicale dans le centre-ville de Rennes, ce mardi encore.

A Toulouse (Haute-Garonne), des militants CGT ont "muré" avec des briques en béton cellulaire l'entrée de la permanence parlementaire du député socialiste Christophe Borgel et tapissé les fenêtres de la permanence d'affiches "Pour le retrait de la loi travail".

Les cortèges des manifestations qui se sont déjà déroulées ont rassemblé entre 3.500 (police) et 10.000 personnes (syndicats) à Nantes (Loire-Atlantique), 2.300 et 8.000 à Toulouse (Haute-Garonne), des milliers à Marseille (Bouches-du-Rhône) et Lyon, plusieurs centaines à Montpellier (Hérault), entre 1.100 et quasiment 2.000 à Rennes (Ille-et-Vilaine), selon les sources.

Entre 11.000 et 12.000 personnes ont participé à la manifestation parisienne contre la loi travail, selon le décompte communiqué à l'AFP par la préfecture de police de Paris, tandis que la CGT en a recensé 55.000.

Rédigé par Pierre HAMMADI

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