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Féminicides et violences conjugales : 80% des plaintes sont classées sans suite selon un rapport

Publié le par Pierre HAMMADI

Dimanche 17 novembre, la ministre de la Justice, Nicole Belloubet, a reconnu pour la première fois, les failles et lacunes dans la prévention des féminicides.

Réagissant au rapport sur les homicides conjugaux confié en juin dernier à l'Inspection générale de la justice (IGJ), et qui fait un état des lieux après l'examen de 88 dossiers d'homicides conjugaux et de tentatives d'homicides commis en 2015 et 2016 et définitivement jugés.

L’Inspection générale de la justice affirme que près des deux tiers ( 65% ) des cas d'homicide et de violences conjugales, la justice ou la police avaient été saisies".

Plus généralement, il en ressort que dans la plupart des situations, les alertes données par les victimes restent sans réponse. Dans les deux tiers des cas, les victimes avaient déjà subi des violences conjugales avant d'être tuées. 41% des 88 homicides conjugaux et tentatives avaient même été signalés à la police ou à la gendarmerie, mais dans 80% des cas leur plainte a été classée sans suite, note l'IGJ.  

L'intérêt de ce rapport est de tenter de répondre à la question de l'inefficacité de la réponse judiciaire face aux cas de violences, ou d'homicides conjugaux. L'IGJ note donc que très souvent la victime seulement est entendue par les enquêteurs, alors que l'auteur des violences ne l'est que très rarement.

Les mains courantes et les procès-verbaux de renseignements judiciaires ne débouchent sur des investigations que dans 18% des cas. 80% des plaintes transmises au parquet sont classées sans suite. Et pourtant, 15% des auteurs avaient déjà été condamnés pour violences conjugales, dont 77% pour des faits commis sur la même victime.

Aujourd’hui, une femme meurt tous les deux jours, tuée par son conjoint ou ex-conjoint. Selon le recensement du collectif "Féminicides par compagnons ou ex", 136 féminicides ont été commis depuis le début de l’année.

Du 10 au 15 novembre 6 féminicides ont été commis :

Le 131ème féminicide a eu lieu dimanche 10 novembre, en Alsace, à Oberhoffen-sur-Moder (Bas-Rhin), où Sylvia a reçu plusieurs coup de couteau de la part de son conjoint.

Décédée à 40 ans, Sylvia Auchter, son nom de jeune fille, a toujours connu les violences conjugales. Quand elle était enfant, elle a vu sa mère se faire battre. Elle était en pleine séparation, sa relation avec son conjoint, Jacky Walter, était devenue chaotique.

Sur fond d'alcoolisme, il levait de plus en plus la main sur Sylvia. L'assistante de services hospitaliers avait déposé une main courante en septembre, puis porté plainte en octobre, le divorce devait être prononcé en janvier prochain. Le mari de la victime a été mis en examen pour meurtre sur conjoint. 

Sa fille, Stella Guitton, a organisé une marche blanche dimanche 17 novembre à Oberhoffen-sur-Moder, entourée de 300 personnes bouleversées par ce féminicide. Dans le cortège, beaucoup de personnes sont touchées de près ou de loin par des situations similaires de violences conjugales.

Le 132ème féminicide à eu lieu lundi 11 novembre, dans la commune de La Plaine-sur-Mer (Loire-Atlantique). Un homme s'est pendu après avoir tué son ex-concubine, selon le parquet de Saint-Nazaire. "Sur son corps, les gendarmes ont remarqué des plaies commises à l'arme blanche. Le corps portait aussi des traces de strangulation".

Vendredi 15 novembre, le parquet de Saint-Nazaire révèle que cette femme, âgée de 48 ans, avait déposé deux plaintes contre son ancien compagnon. La première, pour des violences n'ayant pas entraîné d'incapacité totale de travail, a été déposée le 28 août. Elle a porté plainte une seconde fois, pour menaces de mort réitérées, le 1er novembre, soit dix jours avant sa mort.

Le couple, qui était séparé depuis deux ans, avait trois enfants mineurs de 13, 16 et 17 ans. Ils ont été confiés à leur famille maternelle.

Le 133ème féminicide s’est déroulé le mardi 11 novembre, devant les yeux des enfants. Une femme a été poignardée à mort dans son appartement de Montfermeil (Seine-Saint-Denis), succombant à plusieurs coups de couteaux. D’après des sources proches de l'enquête, le père de famille est soupçonné du meurtre.

L’homme aurait en effet porté les coups à la suite d'un "différend", alors que le couple se trouvait dans la cuisine du domicile. La victime aurait alors tenté de se défendre en le poignardant également. Ce sont les cris des fillettes qui ont alerté les voisins, permettant ainsi à ces derniers de prévenir la police.

D’après une source policière. Le conjoint, éviscéré, a été emmené à l'hôpital Bichat à Paris avant de succomber à ses blessures dans la nuit. Les jeunes filles, elles, ont été prises en charge par l'Aide sociale à l'enfance (ASE) et par une aide psychologique.

Le 134ème féminicide de l'année a eu lieu le 13 novembre. Dans la nuit de mercredi à jeudi, un jeune homme, Mehdi 17 ans, portant une plaie par arme à feu aux mains, alerte ses voisins en expliquant qu’un homme s’est introduit dans sa maison. Il explique que sa mère a été tuée et que l’agresseur serait toujours avec sa petite amie.

À leur arrivée les policiers découvrent l’horreur. Le corps de sa mère, Emilie Gayrard, agent immobilier âgée de 38 ans, gisant au rez-de-chaussée au pied de l’escalier, lardée de plusieurs coups de couteau avec une plaie par arme à feu au niveau du coup.

À l’étage, celui de la petite amie, Laura 18 ans, abattue d’une balle en plein cœur devant la chambre. Un fusil a été retrouvé à côté d’un des corps, probablement l’arme du crime.

L’affaire a été confiée au SRPJ de Toulouse. Le jeune homme, principal suspect nie les faits et assure avoir été réveillé par les coups de feu.

Un deuxième homme, Nourdine âgé de 35 ans et gérant d’une épicerie, a été interpellé. Il est l’ancien compagnon de la mère. Il est arrivé en état d’ébriété sur les lieux alors que ceux-ci étaient déjà bouclés par les enquêteurs. Il n’a pas pu donner d’explications cohérentes sur sa présence et a donc été lui aussi placé en garde à vue, a indiqué le procureur.

Selon les enquêteurs, une dispute conjugale aurait éclaté en pleine nuit, les voisins se sont plaints des nombreux passages. Ils nient tous les deux leur implication dans les meurtres, a indiqué le procureur de la République à Montauban.

Le 135e féminicide commis en France, depuis le 1er janvier 2019, a été annoncé par le collectif NousToutes.  "Aurélia, 22 ans, est morte à l'hôpital à Trénelle (Martinique) après que son compagnon (32 ans) ait mis le feu à leur chambre". Depuis le dimanche 10 novembre, Aurélia luttait pour survivre, mais le vendredi 15 novembre, elle a succombé à ses blessures. 

Son compagnon de 32 ans, a été transféré en France, dans un centre de grand brûlé.

Depuis, la police a ouvert une enquête pour déterminer l’origine du sinistre. Le témoignage de certains voisins avaient laissé entendre qu'il y avait de violentes disputes au sein de ce couple qui vivait dans une situation sociale fragile.

Le 136ème féminicide : Un couple de retraités a été découvert morts à leur domicile jeudi matin, 14 novembre à Allauch dans les Bouches-du-Rhône. D'après les premiers éléments constatés, le mari aurait tué sa femme à l'aide d'une carabine 22 long rifle avant de retourner l'arme contre lui.

Une lettre a été retrouvée au domicile de ces deux personnes âgées de 85 ans, qui étaient malades. Un drame de la vie personnelle, ont conclu rapidement, les policiers de la Sûreté départementale des Bouches-du-Rhône. l’enquête s’orienterait vers la thèse du suicide.

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