La mère de Maëlys à Nordahl Lelandais : Elle va te hanter nuits et jours
Dans la nuit du 26 au 27 août, la disparition de Maëlys De Araujo est constatée vers 3 heures du matin, à la fin d'une soirée de mariage, dans la salle des fêtes de Pont-de-Beauvoisin (Isère). Sa famille l'a cherchée durant une heure avant d'alerter les gendarmes.
Le 28 août, le parquet de Bourgoin-Jallieu ouvre une enquête pour "enlèvement".
Le 31 août, un ancien militaire de 34 ans, Nordahl Lelandais, ami du marié, demeurant à Domessin en Savoie, est placé en garde à vue. Invité sur le tard au mariage, il s'est absenté durant la fête et a fait des déclarations incohérentes lors de son interrogatoire comme témoin.
Ce célibataire de 34 ans admet avoir eu des contacts avec l'enfant mais rejette tout soupçon. Il a nettoyé sa voiture durant des heures, le lendemain du mariage, parce qu'il devait la vendre, ce que confirme l'acquéreur pressenti, selon son avocat.
Le 1er septembre, un deuxième homme de 34 ans, ami du premier, est placé en garde à vue, mais les deux hommes sont relâchés dans la soirée.
Le 3 septembre, alors que des plongeurs de la gendarmerie sondent encore les nombreux plans d'eau de la région, Nordahl Lelandais est à nouveau arrêté. Une trace d'ADN de la fillette a été trouvée dans sa voiture. Il est mis en examen pour enlèvement et incarcéré.
Le suspect conteste. Il explique que Maëlys est montée dans sa voiture sur le parking, avec un petit garçon, pour voir si un chien s'y trouvait, et que tous ont regagné la salle ensuite.
"Il aura fallu attendre 5 mois et demi pour que ce monstre parle enfin." Dans un message posté sur Facebook, mercredi 14 février dans la soirée, la mère de la petite Maëlys a réagi aux aveux, quelques heures plus tôt, de Nordahl Lelandais.
"Maelys va te hanter nuits et jours dans ta prison jusqu'à ce que tu crèves et que tu ailles en enfer", écrit Jennifer de Araujo (sous le nom de Jennifer Cleyet Marrel), la mère de la victime, qui souhaite "que justice soit faite et que plus jamais un enfant ne subisse un tel acte".
Après six mois de silence, Nordahl Lelandais a avoué mercredi avoir tué l’enfant et a fourni aux enquêteurs les indications qui ont permis de retrouver des restes de la fillette à l'issue de difficiles recherches dans la montagne enneigée.
L'ex-militaire de 34 ans a affirmé aux enquêteurs que le décès de l'enfant était "involontaire" mais a refusé dans l'immédiat de s'exprimer sur les circonstances de sa mort.
Dans ce message, Jennifer de Araujo s'adresse également à Maëlys. "Mon petit ange, je n'ai pas pu te protéger de ce prédateur et cette culpabilité me poursuivra encore longtemps", écrit-elle. "Tu nous manques tellement. Ton combat, on le mènera jusqu'au bout, ma princesse."
Ce message est la première réaction des parents de Maëlys aux aveux de Nordahl Lelandais. En septembre, ils avaient lancé un appel public à ce dernier pour qu'il s'exprime.
Les aveux de Nordahl Lelandais et la découverte du corps de Maëlys ont mis fin aux derniers doutes sur son sort. "Ce soir, les parents de Maëlys savent que leur fille est morte, qu'elle a été tuée", avait déclaré avec émotion le procureur mercredi. Celui-ci a ajouté que Nordahl Lelandais avait présenté ses excuses à sa victime et aux parents de celle-ci.
"Le crâne de l'enfant et un os long ont été découverts en fin d'après-midi, a-t-il précisé
"Naturellement, l'instruction va se poursuivre, a relevé le procureur de la République de Grenoble Jean-Yves Coquillat. Nordahl Lelandais "sera réentendu prochainement sur les faits et sur la manière dont la mort a été donnée puisque nous n'avons pas la réponse pour l'instant".
Pendant des mois, les parents de Maëlys y ont cru. Ils ont placardé les lieux de la disparition de leur fille avec son portrait et un numéro d'urgence. Et jusqu'ici, l'ancien maître-chien avait farouchement nié son implication dans la disparition de l'enfant, vu pour la dernière fois dans la nuit du 26 au 27 août, lors d'une fête de mariage à Pont-de-Beauvoisin, dans l'Isère. Mais ce mercredi 14 février, l'homme, confronté à un lourd indice, est passé aux aveux.
Sur les conseils de son avocat Alain Jakubowicz, Nordahl Lelandais s'est en effet ravisé après la récente découverte d'une trace de sang de l'enfant sous les tapis de sol du coffre de son véhicule, par les enquêteurs.
Le 18 décembre, Nordahl Lelandais est interrogé sur la disparition d'un jeune militaire, Arthur Noyer, en avril 2017 à Chambéry. Les expertises téléphoniques révèlent que les deux hommes ont voyagé ensemble au moment de la disparition. Il est mis en examen pour assassinat. Son éventuelle implication dans d'autres disparitions non élucidées est depuis étudiée.
Le 24 janvier 2018, la demande de remise en liberté de Nordahl Lelandais est refusée, ce que confirme la cour d'appel le 9 février.
15 février : "La quasi-totalité du squelette, ainsi que les vêtements et une chaussure" ont été retrouvés à l'endroit où, la veille, le crâne et un os de la petite fille disparue depuis la fin août avaient été découverts, a précisé le procureur, en ajoutant que les opérations de recherche étaient terminées.
Après les aveux de Nordahl Lelandais, les enquêteurs vont désormais s'attacher à déterminer les circonstances de la mort de Maëlys et notamment sa nature "accidentelle".
"Il a indiqué qu'il souhaitait d'abord que le corps de Maëlys soit retrouvé et qu'il s'expliquerait ultérieurement", à l'occasion d'une prochaine audition, avait indiqué mercredi le procureur de Grenoble, Jean-Yves Coquillat.
Pour son avocat, Alain Jakubowicz, c'est un "grand soulagement" de voir que son client dit désormais la vérité après s'être muré dans le silence depuis sa mise en examen.
"L'enquête doit se poursuivre. Il aura à répondre à de nombreuses questions. Il sera entendu prochainement sur les circonstances dans lesquelles cette mort est intervenue. J'ai la conviction qu'il y contribuera pleinement", a dit Me Jakubowicz, intervenant peu après le procureur de la République.
Vendredi 16 février, Nordahl Lelandais a été hospitalisé à Lyon. Il a été transféré à l'Unité hospitalière sécurisée aménagée (UHSA) du centre hospitalier qui se trouve à Pierre-Bénite, au sud de Lyon.
Il aurait été hospitalisé "par précaution", à la demande de son avocat Alain Jakubowicz., suite à des problèmes psychiatriques. Il a fait état d'un état dépressif et suicidaire.
Nordahl Lelandais était "certainement très fragilisé parce que des barrières se sont effondrées ou des postures de défense, donc il a souhaité avoir une prise en charge un peu plus spécifique par rapport à cela", a expliqué à France Bleu Isère, Alain Chevallier du syndicat UFAP-UNSA Justice à la prison de Saint-Quentin-Fallavier où était placé en détention provisoire, jusqu’à vendredi, Nordahl Lelandais.
"À ma connaissance, il n’y a pas eu de tentative de suicide et toutes les protections sont prises pour qu’il puisse continuer de s’expliquer", a ajouté le syndicaliste. "Comme toute personne dans des affaires aussi médiatisées que celle-ci", la surveillance est plus étroite. Dans ce genre de cas, en moyenne, "on est dans un cycle de surveillance toutes les deux heures, là c’est toutes les 45 minutes", a expliqué Alain Chevallier.